Compte rendu: conseil d'arrondissement Sud-Ouest du 7 novembre 06

Par Marcel Sévigny

Contrairement à la séance sur le budget du 26 octobre où il n’y avait que 4 personnes, environ 85 citoyenNEs étaient au conseil d’arrondissement cette fois-ci. J’avais déjà écrit que « On va mettre un homme la dessus » comme dirait Richard Desjardins, pour comprendre les motivations des citoyenNEs à se rendre ou non au conseil d’arrondissement. Justement, hier soir, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec ClairAndrée Gauchy, journaliste au quotidien Le Devoir, qui fait une petite enquête sur le fonctionnement « démocratique » des arrondissements.

Ça tombait bien puisque je lui ai fait part de quelques-unes de mes observations :

• D’abord posons le grand problème général qui touche l’ensemble de la société québécoise. Toute l’organisation du système politique y compris au niveau municipal est organisé pour éviter au maximum que les citoyenNEs viennent jouer dans les plate bande des professionnels de la politique que sont les éluEs. Nous héritons donc d’une très longue de tradition que la politique ne nous appartient pas. On part donc de loin. Mais la question est : Peut-on briser cette tendance ?
• Nous constatons que le conseil d’arrondissement Sud-Ouest n’est pas un lieu de participation et de débat politiques entre les éluEs et les citoyenNEs. Durant la période des questions, lorsqu’une personne soulève un enjeu politique qui va à l’encontre des orientations politiques de l’arrondissement, comme par exemple Louis Gaudreau du POPIR l’a fait hier soir concernant le logement social, tous les éluEs et particulièrement la Mairesse tentent constamment de « cacher » leurs convictions politiques et essaient de trouver des portes de sorties pour éluder les questions. La Mairesse se sert alors de son autorité et de son droit à la dernière réplique pour mettre fin aux velléités de débat. Les membres d’Action Gardien de Pointe Saint-Charles en ont eu une preuve irréfutable lorsqu’ils-elles ont tenté de connaître la position de la Mairesse sur le déménagement du casino le printemps dernier.
• Ainsi, la grande majorité des gens présents viennent poser des questions liées aux services municipaux, parce que bien souvent, ils ne peuvent pas rejoindre leurs éluEs ou les fonctionnaires par téléphone ou qu’on ne répond pas aux lettres. Hier soir, quelques exemples de ce type de comportement ont été encore ouvertement apportés. La première et la seule utilité du conseil à ce jour est celui de fournir « l’occasion ultime » aux gens d’interpeller les éluEs sur des problèmes très terre à terre (problème de stationnement, d’entretien, etc.) ou de venir faire des pressions.
• A peu près tout dans le fonctionnement du conseil d’arrondissement constitue une désincitation au débat public. Et dans le Sud-Ouest, peut-on trouver une initiative des éluEs pour permettre, ne serais-ce qu’une petite ouverture pour inciter les gens à « s’approprier de la chose publique » ? On n’a beau chercher, on revient bredouille. Ainsi, à titre d’exemple, sur les articles à l’ordre du jour de chaque conseil, personne dans la salle ne peut intervenir. C’est comme dans un théâtre où tous et toutes doivent garder le silence. Mais le spectacle est absolument désintéressant et même quelquefois désolant.
• Si les gens reviennent au conseil c’est principalement pour régler un petit problème et non parce qu’il s’agit d’un lieu de débat public et démocratique. D’ailleurs, le fait que la majorité des gens quittent en général immédiatement après avoir poser une question, est un indice sérieux :
o Qu’en général les citoyenNEs associent débat politique à chicane de ménage. D’ailleurs quelques escarmouches entre les éluEs ont renforcé cette perception ;
o Que le conseil d’arrondissement n’est pas perçu comme un lieu de débat et qu’aucun effort n’est fait afin que ça devienne un lieu de participation au débat politique.

Une exception qui confirme la règle ? :

• La séance du conseil sur le budget est différente. Elle permet aux gens de la salle d’intervenir sur la proposition budgétaire. En principe, cela devrait inspirer les citoyenNEs puisqu’il s’agit de prendre des décisions sur des dépenses publiques de plus de 55 millions$. Est-ce un secret trop bien caché ? Non, comme je l’ai déjà indiqué, dans le dernier compte rendu, la documentation n’est disponible qu’à la dernière minute et elle ne permet pas de saisir les enjeux prioritaires du budget. Résultat. C’est nul, comme l’a confirmé la non-présence citoyenne du 26 octobre dernier.

QUESTION DU PUBLIC :

Encore une fois la période de questions du public reste très « populaire ». Une vingtaine de personnes se sont prévalues de la période avec des commentaires sur :
• Un groupe d’intégration à la francisation de la Petite-Bourgogne non soutenu financièrement par l’arrondissement ;
• Difficultés de communications avec les services municipaux
• Transfert de la sécurité du revenu de Montréal à Québec
• Vignettes de stationnement, stationnement non entretenu,
• Coût de réfection du toit d’un chalet de parc
• Taxe d’arrondissement
• Projet de 300 condo à St-Henri (j’y reviens plus loin)

SAGA SUR LE CONGÉDIEMENT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL :

N’ayant eu aucune nouvelle pour un éventuel remplacement du directeur général depuis la décision majoritaire des éluEs de le congédier, les 3 éluEs de Vision Montréal sont revenus à la charge en faisant adopter une proposition à l’encontre de l’avis de Jacqueline Montpetit afin que la Mairesse joue un rôle actif afin que l’arrondissement soit impliqué avec les Services municipaux concernés sur le chois d’une nouvelle personne au poste de directeur.

Le conseiller Bossy a affirmé avoir déposé cette motion parce que la Mairesse n’a pas répondu à la lettre datée du 6 octobre dernier sur cette question, ce que Jacqueline Montpetit a confirmé de vive voix. Je me console à la pensée que la Mairesse n’a jamais répondue à mes lettres. Ses propres collègues subissent le même sort. Mais leur avantage sur moi c’est qu’ils peuvent faire adopter une résolution pour forcer Madame Montpetit à leur répondre.

DES PISTES CYCLABLES NON-SÉCURITAIRES :

La conseillère Line Hamel a fait part à l’assemblée d’un rapport du Service de police de Montréal qui indique que les nouvelles bandes cyclables tracées un peu partout dans la Ville et notamment sur la rue Wellington, sont dangereuses. Entre autre parce que les automobilistes ne respectent pas cette nouvelle signalisation non protégée, particulièrement sur les artères avec beaucoup de circulation telle la rue Wellington.

La ville de Montréal a dépensé 7 millions$ pour ce programme.

300 NOUVEAUX CONDOS À SAINT-HENRI

Le Popir comité logement est venu interpeller la Mairesse sur la première phase d’un projet totalisant 300 condos le long du Canal-de-Lachine à Saint-Henri. Le projet se déroulant en 3 phases (72 logements à chaque phases) la politique d’inclusion de logement social ne s’applique pas puisque c’est inférieur à 200 logements. On comprend, qu’il s’agit d’un échappatoire pour les promoteurs immobiliers d’éviter le 15% de logements sociaux.

Tout de même (ouf on l’a échappez belle !), de signaler Louis Gaudreau du POPIR, l’Office municipal d’habitation de Montréal est impliqué dans le projet et réalisera des logements pour personnes âgées. Toutefois, pour un studio les gens devront payer 775$ par mois pour pouvoir y habiter. Ce qui n’est pas particulièrement du loyer modique comme l’a judicieusement signalé Pierre Gaudreau.

Soulignant le fait que le site du tri-postal est en sérieux danger (erreur stratégique) Pierre Gaudreau a demandé à la Mairesse comment est-ce qu’on va faire pour loger adéquatement et à des prix accessible les centaines et les milliers de ménages qui sont dans le besoin ? Erreur stratégique comme je le disais puisque Jacqueline Montpetit a pris la perche du tri-postal pour dire que l’arrondissement se battait de toutes ses forces pour « sauver le projet » du tri-postal.

Jacqueline Montpetit a donc réussit à éviter de répondre à la question principale autour des 300 condos et de l’offre de l’Office municipal d’habitation de Montréal avec des loyers à 775$ par mois.

Une autre preuve que la lutte à la pauvreté n’est pas une vraie préoccupation de nos éluEs même s’ils et elles en parlent abondamment.

UN BUDGET PARTICIPATIF À LA POINTE ?

Lors de la période de questions du 26 octobre dernier sur le budget où il y avait 4 personnes dans la salle, j’avais demandé à la Mairesse si l’arrondissement Sud-Ouest ne pourrait pas s’inspirer de la démarche de l’arrondissement Plateau-Mt-Royal sur le budget participatif ? Elle m’avait répondu que pour Pointe Saint-Charles il pourrait y avoir un projet pilote.

Je n’avais même pas envisagé cette question comme stratégique. Mais voilà, qu’en ramassant le Rapport de suivi de l’arrondissement Sud-Ouest daté du 1er novembre, je lis la réponse de Jacqueline Montpetit, numérotée 6-215993 qu’un projet pilote pourrait être possible. Comme quoi, il n’y a jamais d’intervention tout à fait inutile. Voici le libellé complet

« La mairesse d’arrondissement indique que lors de la séance de 20h, il y aura présentation sur le budget et le PTI. De plus, elle mentionne qu’un projet pilote pourrait être possible, notamment dans un milieu où les résidents seraient intéressés à y participer. »

Les écrits restent que je me suis dit. Voilà à mon avis la première brèche vers une possible intervention citoyenne directement sur le budget. L’Opération populaire d’aménagement (OPA) a bien une démarche de mise en œuvre d’un « processus permanent » visant la demande, les suivis et la réalisation de projets précis, mais les questions budgétaires n’y sont pas associées.

Est-ce sérieux que cette affirmation écrite ? Pour le savoir il faut le tester parce que si des gens attendent une action de l’arrondissement ça risque de mourir au feuilleton.

LES ENJEUX :

Ma position personnelle n’est pas tellement l’intérêt en soi d’un budget participatif que, par contre peuvent souhaiter d’autres personnes. Car dans cette opération de « budget participatif » le système de décision reste le même. Les seulEs éluEs ont le pouvoir de décider, comme le réaffirme constamment notre mairesse.

Mais je suis prêt à m’associer à une démarche collective de citoyenNEs militantEs dans la mesure où on crée un forum pour débattre publiquement des questions budgétaires et surtout où on peut avancer des moyens et des formes d’organisations pour que les citoyenNEs décident directement sans l’aval des éluEs.

Dans un premier temps, la balle vient de retomber dans le camp de L’OPA. La glace est brisée.

AUTRES DÉCISIONS DE L’ARRONDISSEMENT :

Le conseiller Fréchette nous a appris que les heures de stationnement pour le nettoyage seront modifiées dans la Pointe à partir du 1er avril 2007. Pour ceux et celles qui ont des « chars » ça semble être une bonne nouvelle et le conseiller Fréchette a mentionné qu’il avait reçu beaucoup d’appel.

Ainsi, les affiches qui interdisent le stationnement durant 3 heures, 2 jours par semaines de chaque côté, seront modifiées pour une seule journée par semaine de chaque côté tout en maintenant les 3 heures d’interdiction.

Article 30.06 – je n’ai pas lu le dossier mais je vous libelle ce qui est écrit :
Mandat à la Direction des immeubles pour la négociation d’un bail avec la Fondation Chagnon dans le cadre de la relocalisation de la bibliothèque Notre-Dame (dossier 1063398008).
S’agit-il d’un PPP municipal ? À vérifier.

Article 40.02 – Conversion en condo 2471 et 2473 rue Ryde. Dans la même suite d’idées l’arrondissement est revenu sur sa décision d’interdire la transformation en condo de 4 logements au coin des rues Charlevoix et Saint-Charles. Comme quoi la crise du logement n’est toujours pas un argument pour interdire la perte de logements locatifs.

Article 40.07 – Le garage abandonné au 1551 rue Wellington sera démoli pour faire place à un bâtiment commercial de 2 ou 3 étages qu’occupera une compagnie de serrurerie.

Article 40.11 – « Vous vous rappelez du projet de 66 condos rue Bourgeois et Leber ? Le projet sur l’ordre du jour a été retiré mais comme d’habitude sans que nous en sachions la raison. Toutefois, en fouillant dans les documents sur place on peut lire qu’on a tenu compte des commentaires des citoyenNEs lors de la consultation. Détail intéressant, les critiques sur la densité ont semblé porté fruit puisque les bâtiment donnant front sur la rue Bourgeois sont ramenés à 2 étages plutôt que 3 étages pour éviter les trop grands contrastes avec les maisons actuelles. Les triplex sont maintenus sur la rue Sainte-Madeleine où il n’y a actuellement aucune construction. »

C’est ce que j’écrivais lors du dernier compte rendu.

Le projet a été adopté hier, mais on est revenu aux triplex sur la rue Bourgeois.

Article 40.12 – CertainEs se rappellent de l’incendie criminel qui avait frappé l’Auberge communautaire du Sud-Ouest et qui semblait être une réaction du « pas dans ma cour ». Et bien le projet Envol de l’Auberge se réalisera, mais pas à ville Émard mais dans la Pointe au 2532 rue Centre, sur un terrain qui appartient à l’arrondissement.

Bienvenue à l’auberge.

Article 40.14 – Un projet de construction d’un édifice industriel de 2 étages sera érigé au 1301 rue De Conde. On note dans la résolution qu’un panneau d’interprétation historique de la rue De la Ferme devra être installé sur les lieux. On se rappellera que le maire Bourque a vendu la rue historique De la Ferme à des promoteurs qui l’ont privatisé en terrain de stationnement.

Marcel Sévigny 8 octobre 2006