Pour en finir avec la complaisance

L'exemple des anciens ateliers du CN à Pointe-Saint-Charles.

Lettre ouverte du Comité Aménagement de la Table de concertation communautaire Action-gardien

Montréal, 17 novembre 2009

Le maire de Montréal vient d’annoncer des mesures pour assainir la vie politique municipale. Est-ce que la nouvelle administration assumera enfin ses responsabilités de planifier la ville et de défendre l’intérêt collectif ou est-ce qu’une fois de plus elle se mettra au service des intérêts privés ? Avec le projet de redéveloppement des anciens ateliers du CN, le maire a devant lui une occasion à court terme de passer de la parole aux actes et de redorer son blason.

Monsieur Chiara, à la tête du groupe Mach, a acquis en 2005 cet immense site pour 1 $. Depuis, il multiplie les usages en infraction avec la réglementation tandis que les élus de l’arrondissement Sud-Ouest font preuve de laisser-faire. Ces activités illégales ont entraîné de graves nuisances pour la population avoisinante et ont culminé par l’incendie dramatique en novembre 2008 de l’un des principaux bâtiments patrimoniaux. Les pouvoirs publics n’ont pas pris de véritables mesures dissuasives ou coercitives. Autant dire que cette situation a engendré un bris de confiance de la population, tant envers le propriétaire qu'envers les élus alors en place.

Les projets du groupe Mach viennent d’être soumis à consultation par l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), pour adoption début 2010. Préalablement, un processus de concertation en amont a eu lieu, réunissant divers acteurs concernés afin de dégager une vision commune d’aménagement. Le milieu communautaire y a activement participé pour porter les propositions issues de la communauté. Pourtant, nous sommes bien loin d'un projet global et cohérent, mais plutôt face à des projets imprécis et sans balises. On nous demande de signer un chèque en blanc. Certains éléments vont même à l’encontre des intérêts de la communauté et des normes actuelles de développement.

En effet, le propriétaire veut ouvrir un nouvel accès à son site en créant une voie de camionnage qui viendrait augmenter le trafic lourd en plein cœur du quartier et détruire un parc dans un milieu pourtant en déficit d'espaces verts. Sans fournir aucune précision sur les usages prévus, il réclame un zonage industriel extrêmement large autorisant des activités génératrices de fortes nuisances à proximité d’un quartier habité. Bref, les intérêts d’un seul propriétaire au détriment des conditions de vie de tout un quartier.

Et pourtant, l’ancienne administration municipale semblait même tout faire pour accommoder le propriétaire, comme en témoignent les propositions de modifications règlementaires et de zonage soumises en consultation. Qu'en sera-t-il avec la nouvelle administration ?

Ce que nous demandons est tout simple et plein de bon sens. Nous demandons à nos élus de faire respecter la réglementation, de garantir un développement en faveur de la population, de jouer leur rôle d'arbitre dans la défense de l'intérêt collectif, d'encadrer les projets et les pratiques des promoteurs, et de les empêcher d'aller à l’encontre des consensus sociaux et de la réglementation en vigueur.

Les projets soumis pour les anciens ateliers du CN doivent retourner sur la table à dessin, être modifiés et précisés de façon substantielle pour être acceptés par la communauté. Ce constat a fait une belle unanimité parmi les participants aux consultations de l'OCPM, que ce soit de la part de citoyens, de groupes communautaires, d’urbanistes, de candidats aux élections municipales. Le maire Tremblay a affirmé que les règles du jeu allaient changer. Si jamais le comité exécutif adopte en quelques semaines, sans modifications majeures, un projet qui a suscité une réaction aussi unanime, nous comprendrons que rien n'aura changé et que les promoteurs continuent à faire la loi et l'urbanisme à Montréal.

Comité aménagement d’Action-Gardien
Table de concertation communautaire de Pointe-Saint Charles

Donald Nolet, Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles
Lise Ferland, Services juridiques communautaires de Pointe-Saint Charles et Petite Bourgogne
Mireille Audet, Clinique communautaire de Pointe-Saint Charles
Nathacha Alexandroff, Société d’histoire de Pointe-Saint Charles
Jean Lalande, Welfare Rights committee
Amélie Richard, Regroupement Information Logement
Karine Triollet et Blandine Charbonneau, Action-Gardien