La Société du Havre tente de séduire

Par l'Agence de presse libre de la Pointe 25 novembre 2009 -

La consultation est partie. Maquette bien montée et panneaux d’information nous attendait dans le hall d’entrée. Et pour débuter cette première soirée d’information sur le réaménagement de l'autoroute Bonaventure un film accompagné d’une musique aux allures de suspense venait soutenir la voix radiophonique de la description du « projet à faire rêver » d'une réfection d’autoroute.

À l’évidence la Société du Havre de Montréal (SHM) a mis une attention particulière au montage technique du projet de réfection de l’autoroute. Quelques photos comparatives des coins actuels les plus moches de l’autoroute et de la vision idyllique et futuriste achevaient de nous dire tout le bien de ce projet. Il ne manquait plus que la présidente du CA Isabelle Hudon pour venir dire quelques mots insignifiants, ce que nous avons eu droit.

Mais les gens qui sont passés à la période de question, venant d’une salle bondée de près de 300 personnes (dont on voit ici l'animation durant la pause) n’ont visiblement pas été impressionnés par les tentatives de minimiser certains aspects problématiques du projet tels la hauteur des bâtiments projetés au milieu du futur boulevard urbain, les impacts de la circulation automobile ou bien le corridor d’autobus pour n’en nommer que quelques uns.

La légitimité de la SHM

Les premières questions ont mis en lumière quelques faiblesses touchant le processus menant à cette consultation publique sous la responsabilité de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) relevées par des citoyens. D’où la SHM tire-t-elle son mandat de demander une personne ? Le directeur général de la SHM Gaétan Rainville quelque peu nerveux a bien tenté d’expliquer que la SHM est une société sans but lucratif indépendante du pouvoir politique et « qu’elle est un outil d’intervention neutre ».

La SHM a été créée par la Ville de Montréal (le maire Tremblay est signataire de la charte) et joui d’une large marge de manœuvre et du soutien financier de la Ville (des fonds publics) et selon ce qu’à affirmé M. Rainville elle n’aurait de compte à rendre qu’à son conseil d’administration, lequel est présidé par Isabelle Hudon l’ex-présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. La SHM est tellement neutre qu’elle a soutenue à fond de train le déménagement du casino dans Pointe-Saint-Charles lorsque Lucien Bouchard présidait la société. Encore, c’est la SHM qui s’est arrogé le droit sans aucun débat public de définir son territoire d’intervention qui comprend même la moitié du territoire de Pointe-Saint-Charles. Et c’est encore la SHM qui vient de décréter par la bouche de M. Rainville que le futur quartier autour du futur boulevard urbain se nommerait le quartier bonaventure.

Il est révélateur, dans un tel contexte, d’une certaine mentalité que des dirigeants et des leaders économiques à la barre d’organismes tel la SHM persistent à revendiquer la neutralité en matière d’aménagement urbain. Dans les faits cette façon de présenter les choses cache justement le fait que les propositions d’aménagement qui nous sont présentées véhiculent un partis pris en faveur d’un développement urbain au profit des promoteurs privés. À cet égard, il était signifiant d’entendre le représentant de la Ville Stéphane Conant, affirmer qu’aucune démarche de planification n’est actuellement faite par la Ville dans ce secteur et qu’on verra lors de la révision du plan d’urbanisme en 2010. Conséquence : c’est bel et bien la vision telle que produite par la SHM, c'est-à-dire un petit groupe de personnes triées sur le volet, qui détermine ce que sera le développement du secteur. Voilà ce que veut dire la neutralité.

Lorsque M. Rainville affirme que la SHM n’était pas obligé d’aller en consultation publique sur ce projet, c’est comme s’il faisait une faveur aux citoyenNEs de pouvoir dire leur mot sur le présent et l’avenir de leur ville. Dès lors on voit que les préoccupations démocratiques ne sont qu’accessoires dans la tête des gens de la SHM. Autrement dit si la SHM avait pu s’exempter d’une consultation sans causer un tollé elle aurait sans doute choisi de le faire. Voilà le genre d’approche qui mène tout droit à des conflits d’intérêts et à des scandales.(on voit que la maquette a mis une emphase énorme sur les futurs édifices brillamment éclairés qui se trouve au centre d'un futur boulevard urbain à 4 voies de chaque côté qu'on ne peut même pas distingués. On a nettement l'impression que ces édifices se situent dans un espace vert alors qu'en réalité des milliers d'autos y circuleront)

Sur le front du logement social et abordable, le représentant de la Ville Bernard Cyr s’en est tenu au strict minimum de l’information, ce qui a irrité un des intervenants de la salle. Étais-ce stratégique ou une mauvaise préparation ? Quoiqu’il en soit, le représentant de la Ville n’a rien pu avancer de sérieux sur la proportion de logements familiaux prévus des 2 800 unités afin d'être en accord avec la « politique familiale » de la Ville même si M. Rainville avait vanté une telle politique en début de rencontre.

Il est pour le moins étonnant de constater qu’après plusieurs années de travail, des dizaines de rapports d’analyse et de documents et des concertations avec toutes sortes d’intervenants que les experts de la SHM n’arrivent qu’à répondre difficilement aux simples questions des citoyenNEs. À l’évidence, cette consultation n’est pas superflue. À suivre.