Bonaventure: Les opposants ont trouvé le maillon faible

Par l'Agence de presse libre de la Pointe 3 décembre 2009 -

Quatre grosses soirées d’audience se sont terminées hier soir sur le tiers du projet de réfection de l’autoroute Bonaventure. Le grand nombre de questions demeurées sans réponse et les failles de ce projet sont remontées à la surface. Malgré les calculs et les simulations de la part des experts de la Société du Havre (SHM) le projet butte de plus en plus inlassablement sur le maillon faible de cette réfection, le corridor d’autobus de la rue Dalhousie où circulera 1 600 autobus par jour.

Pourquoi ce corridor d’autobus est-il devenu le maillon faible du projet ? Tout simplement parce qu’il est inacceptable, que des citoyenNEs n’en veulent pas et surtout qu’ils ont décidé de monter aux barricades sur cet enjeu.

Le corridor Dalhousie

On peut difficilement blâmer l’Agence métropolitaine de transport (AMT) de défendre un corridor dédié aux autobus pour améliorer le service aux usagers de la banlieue. La SHM lui offre sur un plateau d’argent une solution « facile ». L’AMT a sauté sur l’occasion mais elle reçoit les assauts des opposants. L’AMT se trouve démuni en défendant un rôle strict de pourvoyeur de services (transporter des banlieusards au centre-ville) sans se soucier du tissu urbain qu’elle envahit. Cela s’adonne à être un nouveau secteur d’habitation où les gens ont une conscience aigue d’une certaine culture urbaine qui comporte la tranquillité, la qualité de l’air, la réduction du bruit et autres inconvénients générés par la production capitaliste d’un projet urbain axé sur l’efficacité et la rentabilité. Le corridor Dalhousie est l’image même de cette efficacité et de cette rentabilité visant à protéger l’image d’un projet de boulevard urbain haut de gamme. Cachons ces autobus perturbateurs de la carte postale idyllique. (le projet de réfection de l'autoroute Bonaventure n'en a que pour le développement immobilier comme nous le montre cette image futuriste) Ce corridor coûtera au bas mot 118 millions$ de fonds publics. Il faut dénoncer les dirigeants politiques de la Ville et au premier chef le maire Tremblay qui continuent de se cacher derrière le « FRONT » que constitue la SHM.

S’il est vrai que sous certains aspects, l’opposition des résidentEs pourrait ressembler à « du pas dans ma cour », surtout parce que peu d’oppositions ont été exprimées sur la nature même de ce projet (une vision de promotion urbaine élitiste et basée sur un credo capitaliste de compétition internationale où l’utilisation de l’automobile continue d’être protégée). Mais objectivement, les citoyenNEs du secteur de la Lowney’s et de Griffintown ont raison. Autrement dit, ce projet de corridor d’autobus serait inacceptable dans n’importe lequel milieu d’habitation urbaine.

L’avenir nous dit que le transport des usagers de la Rive-Sud vers le centre-ville devra se faire de plus en plus par train. Les infrastructures sont là (le pont Victoria sur les voies occupées par les autos actuellement tel que démontré par l’architecte Pierre Brisset). Temporairement les autobus doivent continuer à circuler sur Bonaventure quitte à favoriser l’accès au terminus au détriment de la fluidité automobile s’il le faut.

Stratégie d’action

Nous appelons donc toutes les forces sociales (ce que les lucides nomment les agents de l’immobilisme) à s’opposer au corridor Dalhousie. Même celles qui ne sont pas directement concernées par le corridor d’autobus devraient soutenir ouvertement la bataille des citoyenNEs du secteur de la Lowney’s en déposant des mémoires à l’OCPM et/ou en participant aux manifestations publiques. Les militantEs contre l’autoroute Notre-Dame, Mobilisation Turcot, ceux et celles de Pointe-Saint-Charles et beaucoup d’autres devraient déclarer présents.

Cassons le maillon faible. Cela pourrait forcer la SHM à refaire ses devoirs dans un processus ouvert de débat public sur ce que devrait être un véritable boulevard urbain non déterminé par l’obsession de la rentabilité économique.