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La décroissance se manifeste dans la convivialitéUn article du magazine français en ligne Le Mague qui revient sur le livre Objecteurs de croissance, publié en 2007 aux Éditions Écosociété, et dans lequel trois membres de la Pointe libertaire ont écrit des articles. La décroissance se manifeste dans la convivialité…par La Singette Missdinguette Les objecteurs de tourner en rond, les objecteurs de conscience, les désobéisseurs dans l’enseignement du premier degré en France… Objection votre honneur, il existe aussi désormais depuis quelques années les objecteurs de croissance et, quoi que vous en pensiez, ça va chauffer pour votre matricule. Elles / ils ont le vent en poupe en période de crise économique mondiale et conchient tous les pécules ! Dans une série d’articles à venir je vais essayer de porter le souffle de la tempête sur ces citoyennes et citoyens conscient(e)s et agissant(e)s des deux côtés de l’Atlantique, à travers différents ouvrages. Alors, à l’abordage des rives fraternelles de la décroissance, car « Comme il est dit dans le Manifeste pour la décroissance conviviale, « la simplicité volontaire individuelle est une démarche essentielle, permettant de libérer du temps pour nous éduquer, lire, réfléchir et expérimenter des manières de faire ». (Daniela Stan, page 95, in « Objecteurs de croissance Pour sortir de l’impasse : la décroissance »), livre tout à fait exemplaire qui nous ouvre des atmosphères enfin respirables ! Un petit éditeur tout à fait remarquable basé à Montréal (Québec) : les éditions Ecosociété mettent sur le tapis des alternatives viables et pas du tout utopiques à notre monde en crise. Un colloque a eu lieu le 26 mai 2007 au Québec avec une vidéoconférence via la France, qui a abouti au « Manifeste pour une décroissance conviviale » et l’édition des actes de ce colloque en automne 2007. Les différent(e)s participant(e)s provenaient principalement des horizons universitaires mais aussi du monde du militantisme et de l’activisme concret réel. Ce colloque fut présenté de la façon suivante : « Nous vivons dans un monde en crise : les conséquences environnementales de notre mode de vie, l’écart de plus en plus important entre les riches et les pauvres, le stress et le sentiment de vide provoqués par le tourbillon du productivisme et du consumérisme, la dépolitisation des citoyens. Face à cela, les solutions jusqu’alors proposées ne remettent jamais en cause la croissance économique infinie. Mais cette croissance est-elle possible sur une planète aux limites finies ? Quelles autres avenues pourraient être envisagées afin de permettre une amélioration du bien-être de touTes ? Que penser du concept de décroissance économique ? Ce premier évènement sur la décroissance économique au Québec a pour objectif de soulever un débat d’idées sur ces problématiques qui nous concernent toutes et tous ». (pages 11 et 12). Jean-claude Besson-Girard le lyonnais rugit depuis un demi-siècle son désir de dresser des ponts entre le politique et le poétique. Il introduit les quatre crises majeures : environnementale (réchauffement climatique / le saccage de la biodiversité / l’éclairage diurne et nocturne en permanence de la planète …) / sociale (individualisme de masse, « la décivilisation mercantile »…) / culturelle (crise des repères et des valeurs, la déshumanisation accélérée du monde contemporain…) et démocratique (les techniques médiatiques de manipulation des masses…). Il s’appuie aussi sur les causes historiques de la situation, une brève histoire de la décroissance et ses ramifications en France. Lucie Sauvé s’attaque à la dérive et l’impasse du développement durable, véritable matraquage médiatique pour endormir les gogos conso / mateurs. Marco Silvestro en donne une défintion pertinente et très claire : « le développement durable est un moyen de poursuivre la croissance en s’assurant qu’il restera un environnement pour que nos enfants continuent de l’exploiter ». (page 81). Big Brother, depuis les bourses, contemple le carnage, puisque : « S’appuyant sur la croyance fondamentale que c’est pas l’économie que se résoudront tous les problèmes sociaux et environnementaux, on souscrit à un évolutionnisme social qui mène au modèle de société nord occidentale ». (Lucie Sauvé page 42). Plus précisément dans le cadre du Québec, cette idéologie autoritaire et coercitive représente « un viol culturel et un viol de l’imaginaire » contre les peuples autochtones. De plus, c’est un concept où « Le langage du développement durable rétrécit l’expression des réalités et des significations, il s’impose comme une « novlangue » ». (Lucie Sauvé page 51). Cherchez, dans les programmes des élections à la trique salvatrice de vos partis préférés, quelques allusions fines à la décroissance et on vous resservira le plat froid, que celles et ceux qui se réclament de l’objection de croissance veulent s’éclairer à la bougie, naviguer à la voile et sont des frustré(e)s tristes et constipé(e)s. Etonnant non, comment se fait-il justement que « La décroissance », canard festif porte le sous-titre : Le journal de la joie de vivre ? Marcel Sévigny met en parallèle l’impasse du système de représentation politique qui est à l’image de celle du système économique. Toutes les ressemblances entre des politicard(e)s de la planète ne seraient pas fortuites ! « Nous arrivons donc au constat suivant. D’une part, un pouvoir politique au sein de l’Etat occupé par une faune de technocrates et de politiciens qui ne carburent qu’à la stratégie pour maintenir leurs pouvoirs et d’autre part des partis politiques de gauche comme de droite qui n’aspirent qu’à la gestion de ce pouvoir. Tout çà dans un concert d’éloges unanimes autour de l’objectif fondamental de la croissance économique perpétuelle ». (page 112). La réinvention du politique s’avère nécessaire pour légitimement se réapproprier l’économie individuelle et collective. Jean-Marc Fontan croit à un modèle fondé sur la solidarité, l’écologisme et le dépassement de nos utopies. « Les utopies et les conflits que nous aurons choisis pour dépasser l’impasse de la civilisation capitaliste auront le défi et la responsabilité de remplacer les utopies et les conflits qui nourrissaient la production de grande richesse au détriment des populations et de l’environnement. Les acquis de demain seront le fruit des luttes et des alliances. (page 120). Marco Silvertro évoque l’idéal d’une agriculture paysanne soutenable et humaine qui soustrait le sol à la spéculation, rapproche la production de la transformation et sécrète l’autogestion du travail et de la collectivité politique. De la nourriture à la santé, Serge Mongeau, qui est à l’origine du collectif de rédaction de ce livre, s’interroge sur la question vitale de la décroissance et la santé. L’enrichissement des concepteurs du placebo pour vaincre la grippe bénigne de cet hiver lui donne raison quand il nous indique que le secteur de santé consacre tous ses efforts à la maladie sans se préoccuper des causes des maladies. Les fondements d’une société de décroissance dans ce domaine toucheraient trois domaines d’intervention appropriée. La promotion de la santé, les soins en cas de maladie et la vieillesse dans un contexte de citoyenneté active sur ses potentialités vitales et ses échanges constructifs avec autrui dans un processus de connaissance de son mode de fonctionnement. En tenant compte de son environnement, avec un revenu de citoyenneté qui serait alloué à toutes et tous dans un souci de ne pas perdre sa vie à la gagner et en crever. Il détaille d’ailleurs des mesures toutes plus séduisantes les une que les autres pour une société plus fraternelle et conviviale. Anna Kruzyynski militante féministe et libertaire déclame que « Le projet de décroissance est plus qu’anticapitaliste, il est anti-productiviste, car il ne suffit pas de remettre en cause le capitalisme, mais toute la société de croissance, tout le système qui dépend de l’exploitation de la nature pour répondre à la demande ». (page 99). Yves-Marie Abraham s’attaque à un mythe, ce que les économistes nomment le principe de rareté. A contrario de cette thèse fumeuse, il donne des arguments anthropologiques en expliquant par exemple que des chasseurs-collecteurs vivent dans un souci de sobre abondance et qu’ils ne s’en portent pas plus mal ! « La conséquence de ce « choix » culturel est qu’ils ignorent le problème de la rareté. Et dans la mesure où leurs « besoins » (le mot lui-même pose problème ici) n’excédent généralement pas les moyens qu’ils ont à leur disposition pour les satisfaire, on peut avancer avec Sahlins qu’ils jouissent en fait d’une forme d’abondance ». (page 67) En ce qui me concerne, j’opte toujours pour un regard optimiste. Je vous convie à la poursuite d’autres visions sur la décroissance à travers mes prochains articles et divers ouvrages très riches de sens, je souscris tout à fait au mode de fonctionnement de Daniela Stan qui se définit comme une « créative culturelle ». Et comme je partage avec elle certaines de ses affinités électives, je lui laisse le mot de la fin. « Pour ma part, je trouve que cette crise qui s’annonce est notre chance de nous donner un projet commun pour l’humanité. Je vois déjà tous les « créatifs culturels » de la planète se mettre ensemble et agir, parce que presque tout est à refaire ou à reconsidérer. Les verbes « évaluer, choisir, trier, éliminer » devraient prendre la place qu’ils méritent dans une société où il y aurait « moins de biens et plus de liens » ». (page 96). Objecteurs de croissance. Pour sortir de l’impasse : la décroissance, ed Ecosociété, octobre 2007, 139 pages A suivre : toujours aux éditions Ecosociété « Et nous serions paresseux ? Résistance populaire et autogestion libertaire » de Marcel Sévigny / « Désobéir et grandir. Vers une société de décroissance » de Paul Aries. revue de presse | 974 lectures
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