Le monstre résidentiel est relancé

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 20 novembre 2011.

Depuis quelques années, la prolifération des projets de condos dans notre quartier fait ressortir deux éléments aux antipodes l’un de l’autre. D’un, l’agression immobilière capitaliste se poursuit et n’a jamais été aussi florissante et de deux, la « faiblesse relative » de la dynamique militante et communautaire n’arrive pas à créer un rapport de force qui pourrait se faire sentir de manière permanente sur la place publique. (Sur la photo, on voit ce qui reste des quais de chargement intérieurs récemment démolis.

Un exemple du résultat d’un tel rapport de force pourrait être que 2 logements sur 5 construits dans le quartier seraient du logement social (coopérative ou autre formule). Le genre « d’équilibre » qui avait permis au mouvement social du quartier de modérer les ardeurs du pouvoir de l’argent est rompu.

Et c’est malheureusement dans ces conditions de « faiblesse relative » des forces de contestation et de changement social que EL AD relance le projet résidentiel Nordelec. Ce qui distingue le projet résidentiel du Nordelec c’est sa monstruosité. Il rassemble tout ce qui va à l’encontre de l’histoire populaire et ouvrière de notre quartier. Ce projet est une agression culturelle, sociale et économique à l’encontre de cette lente et laborieuse voie de réappropriation de son territoire et de son milieu de vie que le mouvement communautaire et une partie de la population tentent de réaliser depuis 40 ans.

Avec ses 1 300 condos prévus, 290 de plus que dans la mouture initiale, le projet impérialiste du Nordelec se tourne résolument vers le centre-ville et sa propension à imposer sa richesse clinquante. Ce bateau amiral du capitalisme est d’autant plus impérialiste qu’il s’inscrit dans le portefeuille d’une multinationale très active dans l’immobilier. EL AD, à qui appartient le Nordelec, est une filiale de Delek Group, dont le propriétaire est Yitzhak Tshuva, qui se classe comme la 440e personne le plus riche de la planète (en 2011) et dont les tentacules viennent agresser Pointe-Saint-Charles. En voilà définitivement un qui fait partie de ces 1% que dénoncent les indignés de la planète et d’Occupons Montréal. Nous y reviendrons plus en détail surtout que le propriétaire est un ami actif de l’État d’Israël et de son système d’apartheid. Cliquez ici pour accéder au texte critique de la Pointe libertaire

Des améliorations refusées

Au-delà des sévères critiques que nous formulions en 2007 suite à la consultation publique de 2006 et qui sont toujours d’actualités, nous avons pu constater qu’une grande partie des demandes faites à l’époque par les groupes communautaires ont tout simplement été ignorées. Pourtant elles étaient loin d’être farfelues et ne visaient en somme qu’à minimiser quelques impacts négatifs pour le quartier sans même contester la pertinence d’un tel projet.

* Abaisser la hauteur des nouvelles constructions de 8 à 6 étages,
* Ajouter des espaces verts publics à ceux existants,
* Diminuer substantiellement le nombre de stationnements
* Tourner le projet vers le quartier et non vers le centre-ville.

Cette fois ça semble sérieux si l'on se fie au fait qu’a débuté la démolition du quai de chargement intérieur du vénérable bâtiment de la rue Saint-Patrick à Pointe-Saint-Charles.

Sentant les profits à venir (quelle autre motivation EL AD peut-il avoir ?), EL AD a demandé des modifications à son plan initial en voulant y rajouter 290 unités supplémentaires. Son argument essentiel pour faire accepter cet ajout sera sans doute le fait d’éliminer 235 des 1500 cases de stationnement prévues (ce qui, nous en convenons, est un plus). Mais cela reste très loin des demandes venant du quartier de ramener à moins de 500 les cases de stationnement de ce projet étant donné que les alternatives en déplacement existent.

L’autre changement important serait de faire sauter la norme maximale de 1 500 pi2 pour les surfaces commerciales à l’intérieur du Nordelec afin d’offrir des espaces pour un super marché ou une salle de démonstration.

L’arrondissement a demandé à ce que cela soit soumis à une consultation publique faite par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). La consultation portera-t-elle sur l’ensemble du projet ou sur les seules modifications demandées, qui ne sont pas mineures compte tenu du contexte?