Fin des activités industrielles et gaspillage

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 6 décembre 2011.

La société capitaliste nous a habitués au gaspillage éhonté des ressources. Il paraît qu’aujourd’hui nos gouvernants sont plus attentifs à ces questions suite aux pressions des écologistes depuis les derniers 20 ans.

Mais dans les faits ce n’est que de la poudre aux yeux. Nos politicien-nes et un certain nombre de promoteurs immobiliers se sont emparés bruyamment de la notion de développement durable pour tenter de camoufler les aspects trop voyants de cette société de gaspillage.

Où est la cohérence ?

Nos élu-e-s du Sud-Ouest, malgré une « certaine » bonne volonté (quand ça ne demande pas trop de courage politique), n’échappent pas à la logique de ce développement capitaliste inégalitaire et gaspilleur.

Un nouveau dossier de démolition d’un bâtiment industriel est à l’ordre du jour du conseil d’arrondissement le 6 décembre en vue de le remplacer par un projet de 160 condos. Il s’agit de l’usine Carpettes Art-Déco au 2365 St-Patrick, (que l'on voit sur la photo au bord du canal de Lachine à Pointe-Saint-Charles, en rouge). Cette autorisation de démolition arrive un an après que l’arrondissement ait pris position publiquement en faveur d’une orientation contraire. Dans le bulletin d’information économique de l’arrondissement Sud-Ouest en décembre 2010, il est écrit :

« Entre le parc du square Saint-Patrick et le pont du CN, l’arrondissement favorisera les projets mixtes afin de renforcer le pôle d’emplois dans ce secteur de Pointe-Saint-Charles ».

Paraît-il que l’arrondissement ne peut faire autrement puisqu’il s’agirait d’une promesse faite par l’ancienne administration de Jacqueline Montpetit en 2006. On sent bien ici le pouvoir d’un promoteur immobilier sur le pouvoir politique. Pourquoi autoriser la démolition d’un bâtiment vieux d’à peine 15 ans .
et qui pourrait facilement servir à une industrie si telle était la vraie volonté du Maire, tel que cité dans la déclaration publique. Et pourquoi démolir un bâtiment presque neuf. Où est la cohérence avec la notion de développement durable alors qu’il s’agit d’un gaspillage ?

Vers la disparition des activités industrielles

Seule partie du canal où le pouvoir politique a réitéré jusqu’en décembre 2010 la préséance au maintien d’activités industrielles, voilà qu’avec la prochaine autorisation d’une démolition et d’un projet de 160 logements (sans logement social), la dernière barrière encore fermée vient de sauter. C’est le début de la fin puisqu’en autorisant par des modifications au zonage l’intrusion de logements, c’est la valeur des terrains qui vient de tripler et même plus. Tristant & Isseu se trouvent désormais sur une mine d’or de condos potentiels avec son emplacement près du pont Des Seigneurs.

Où sont les défenseurs de l’emploi durable ? Des politiciens d’abord. Enfin, tous ceux qui ne jurent que par l’emploi pour soi-disant lutter contre la pauvreté. Ce n’est pas nous. On s’en fout un peu tout de même de cette course à l’emploi, puisque pour les déclassé-e-s de la société, la jobine n’a rien d’émancipateur surtout dans une période où l’écart s’approfondit entre riches et pauvres. Vaudrait mieux porter la lutte sur des formes de partage de la richesse.

Si le pouvoir politique remplace l’industrie par le logement, elle est peut-être là la bonne nouvelle ? Y aura-t-il une part, autre que des miettes, pour ceux et celles qui sont mal-logés ? Voilà bien un moyen concret de partager la richesse. Pour l’instant, on peut en douter avec ce qu’on voit depuis 10 ans. Et le projet Carpettes Art-Déco avec ses 180 condos sans logement social.

Appel à la résistance

Capitalisme, spéculation immobilière et remodelage de notre quartier, voilà ce qui se mène tambour battant, dans le Sud-Ouest. Les forces de la résistance semblent dérisoires face à cette droite marchande sans complexe qui agite son fric. À part le gain significatif du bâtiment 7 sur les anciens terrains du CN et 2 ou 3 petits projets de logement social, des miettes finalement, Pointe-Saint-Charles est en train de faire remaquiller l’aménagement urbain.

Tôt ou tard, il nous faudra nous indigner afin que la peur change de camp.