Nordelec: La défaite du mouvement populaire

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 4 mai 2012

L'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) vient de déposer son rapport sur la deuxième consultation du Nordelec. Le rapport, que l'on peut lire ici OCPM, confirme ce que tout le monde attendait, la non prise en considération des revendications populaires.

Les promoteurs du Nordelec ont tout eu ce qu’ils voulaient et ils n’ont même pas eu besoin de se présenter aux consultations.

Contournant allègrement l’esprit du règlement 89.1 qui prévoit analyser un projet dans un contexte global, EL AD a demandé des modifications, 5 ans après avoir reçu les autorisations de mettre en marche son projet de transformation résidentiel du complexe Nordelec, et les a obtenus. Comme s’il s’agissait de changements mineurs.

Tout le monde savait à l’avance que la partie était déjà jouée avant même qu’une parole ne soit prononcée.

Nous ne répéterons pas une analyse que nous avons déjà faite antérieurement à savoir que si une lutte populaire contre un projet ne s’invite pas dans le processus d’une consultation, le promoteur peut toujours dormir en paix. Ses intérêts sont protégés. Les commissaires de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) aussi compétent-e-s soient-ils-elles techniquement, doivent constamment faire preuve d’objectivité. Alors, si les citoyens-nes ne font pas preuve de subjectivité active (manif, blocage, etc.), c’est l’objectivité des propos du promoteur qui prime.

Alors, comme résultat :

- Augmentation du nombre de logements sur le site avec une diminution moyenne de 18% de la superficie des logements.
Mis à mal dès 2006 par le projet initial, le souhait des élu-e-s d’avoir plus de logements familiaux dans le but de les retenir à Montréal continue d’échouer. Les promoteurs ne construisent que pour rentabiliser au max.
- Aucun nouvel espace vert public ce qui fera descendre de 1.84 hectare par 1000 habitants à 1.60 les espaces verts offerts dans la communauté. Nous espérons que les élu-e-s auront au moins la décence de ne pas nous faire du bla-bla sur le développement durable.
- Une nouvelle rue pour les automobiles même si la nouvelle mouture réduit le nombre de places de stationnement (seule bonne nouvelle dans ce projet), puisque le flot de circulation continuera à augmenter;

Et cerise sur le gâteau en terme de récupération politique. Les bâtiments de l’Îlot B auront 8 étages (24 mètres) et l’OCPM a le culot d’appuyer sa comparaison sur le fait que le projet d’habitation OSBL pour personnes âgées s’élèvera à 21 mètres. Récupération politique, parce que ce projet OSBL avec 170 logements n’est pas un projet à échelle humaine. Ce type de projet, pour cause de rentabilité financière, est imposé par la SHQ et les intervenants n’osent pas contester la logique de rentabilité capitaliste derrière ce type de projet.

Ainsi, l’OSBL de logement social sert d’argument pour les 8 étages autour.

Où sont les politiques ?

Si l’équipe politique du maire Dorais n’est pas intervenue sur certains enjeux qui préoccupent sérieusement les acteurs du quartier (intensification de la circulation automobile, réduction des quotas d’espaces verts, % de logement social,) c’est que ce genre de projet est dans la lignée de leur conception du développement urbain.

Il faut donc arrêter de compter sur une soi-disant vision écologique et sociale du Maire qui serait au diapason de ce que nous revendiquons. La lutte persistante autour du redéveloppement des anciens Ateliers du CN et les gains que nous y avons faits est la seule voie vraiment viable pour défendre les intérêts de ceux et celles qui n’ont pas le pouvoir de l’argent.