Séance du Conseil d’arrondissement du 10 janvier 2006

par Marcel Sévigny
Pointe Saint-Charles, le 11 janvier 2006

Devant une vingtaine de citoyens-nes le nouveau conseil d’arrondissement, avec 3 nouveaux élus, a officiellement pris ses fonctions. Commencé à 19h05 le tout s’est terminé à 20h20.

Rapport de suivi :

Je profite de ce compte rendu pour jeter un regard sur cet outil qu’est le rapport de suivi. En général, un rapport de suivi des « requêtes des citoyens », c’est-à-dire des questions posées lors de la (des) séance (s) précédente (s) est disponible à l’entrée lors des conseils d’arrondissement. Premièrement, je veux souligner que le principe de faire un tel rapport est excellent, mais malheureusement son contenu n’aide pas beaucoup à comprendre les suites données à ces questions des citoyens-nes. Mais ce qui me saute aux yeux est que les réponses des éluEs sont le reflet d’une culture politique qui, entre autre, personnalisent et individualisent les problèmes soulevés par les gens. Ainsi, cette façon de répondre tente d’évacuer (volontairement ou non) toute connotation politique des problèmes posés. À titre d’exemple, je reproduis ici la première question de la soirée du 15 décembre 2005 posée par Pascale Fleury de l’Éco-quartier Pointe St-Charles.

Question : Pascale Fleury rappelle que depuis de nombreuses années la répartition du montant pour les 3 Éco-quartiers du Sud-Ouest devrait être équitablement partagé en divisant en 3 le montant de 191 000$, ce qui donnerait un peu plus de 63 000$ plutôt que les 57 000$ que Pointe St-Charles reçoit. Elle demande donc une modification des montants.

Réponse inscrite comme suit au rapport de suivi : « La Mairesse d’arrondissement remercie la résidente pour son intervention et indique que la question sera reprise avec les nouveaux élus et qu’elle sera contactée. »

S’il est vrai que Pascale Fleury est une résidente, elle est d’abord dans ce cas-ci la coordonnatrice de l’organisme Éco-quartier Pointe Saint-Charles qui, rappelons-le, a un mandat d’intervention public défini par l’arrondissement. Ce n’est donc pas une préoccupation individuelle que Pascale faisait connaître mais plutôt une préoccupation de service public.

Réponse qui frise l’hypocrisie également puisqu’à chaque année dans le budget public ce sont les éluEs de l’arrondissement qui décident de la répartition des montants aux Éco-quartier. Pourquoi alors la Mairesse n’explique-t-elle pas les raisons politiques et administratives du choix des éluEs plutôt que de faire une réponse évasive qui n’aide en rien à comprendre les enjeux politiques posés par la question (répartition équitable, stagnation du budget « environnement » depuis 10 ans, moins d’argent dans le quartier le plus pauvre du Sud-Ouest, etc.) ?

La rétention d’informations qui sème la confusion est un moyen très efficace d’empêcher que les gens s’intéressent à leurs propres affaires.

- Lorsque les réponses techniques et informatives viennent des fonctionnaires elles me semblent généralement correctement données et inscrites dans le rapport de suivi en fonction de la précision des questions citoyennes. À ce sujet, même si les fonctionnaires présents au conseil d’arrondissement ne disent pas tout (ils s’efforcent de ne pas soulever les problèmes de gestion auxquels ils sont confrontés), ils font preuve d’un tout petit peu plus de transparence que les éluEs, pour qui la rétention de l’information représente souvent un « pouvoir de contrôle » sur les citoyens-nes;
- Ainsi, là où ça cloche c’est sur le contenu des réponses lorsque celles-ci viennent des éluEs et principalement de la Mairesse qui répond à 90% des questions. Elles sont généralement trop courtes et ne reflète à peu près jamais, comme dans l’exemple plus haut, les enjeux posés et en particulier lorsque ces interrogations citoyennes questionnent justement les choix et les décisions des éluEs.

Dossier OPA :
Pour continuer dans cette veine, je vous fais part de la suite des démarches entreprises par l’Opération populaire d’aménagement OPA. Ainsi, le 6 décembre dernier à la période de questions, j’ai réitéré, au nom de l’OPA, une des demandes fondamentales que l’on a fait en juin dernier lorsque nous avons déposé les Actes de l’OPA, à savoir : l’instauration d’un processus permanent entre l’OPA et l’arrondissement afin de faire avancer le contenu des Actes de l’OPA.

À ma question, madame la Mairesse m’a renvoyé à la fin janvier ou début de février sans donner aucune indication sur ses intentions réelles. Cependant dans le rapport de suivi, en réponse à mes questions, le rapport parle « d’échanges formels ». À la période de question du 10 janvier j’en ai conclu devant Jacqueline Montpetit qu’il y a avait là une avancée vers l’instauration d’un processus permanent puisque « les écrits restent alors que les paroles s’envolent ».

D’autre part je lui aie souligné que des membres de l’OPA avaient laissé des messages téléphoniques les 14 et 15 décembre 2005 et qu’une lettre lui avait été acheminée le 15 décembre. En conséquence, j’ai réitéré la question à savoir si nous allions recevoir un appel de retour dans la semaine qui suit. Peine perdue, la Mairesse m’a renvoyé à sa première réponse (fin janvier, début février) en me demandant si j’étais satisfait de la réponse, ce à quoi j’ai répondu non. Cela mettait fin au sourd dialogue entre nous deux.

Ça fait donc maintenant 7 mois que l’OPA n’a pas eu de réponse ou de contact formel de la part de la Mairesse sur ses 3 principales demandes. S’agit-il de mauvaise fois, d’une culture politique tellement incrustée d’indifférence face à une volonté de présence citoyenne dans les dossiers politiques ? Quoiqu’il en soi, il y a un verrou qui doit sauter à un moment donné.

Questions du public :

Comme à l’habitude la période de questions du public est toujours la plus intéressante, puisque c’est là, la seule occasion pour les gens d’interpeller les éluEs. Ainsi, le représentant du POPIR s’est amené au micro concernant la conversion en copropriété en faisant référence à un dossier de conversion inscrit à l’ordre du jour. Cela a suscité un début timide de débat (en principe il s’agit d’une période de question) sur la politique suivi par l’arrondissement sur cette question importante, soulevant ainsi la quasi impossibilité de faire des débats politiques sur des enjeux politiques urbains à l’arrondissement.

Et pour preuve, lorsque le projet de conversion en copropriété inscrit à l’ordre du jour fut soumis aux éluEs aucun commentaire sur la question n’a été soulevé. Les éluEs, pourtant de 2 partis politiques différents, étant visiblement sur la même longueur d’onde. Conclusion de cet épisode, comme les citoyens-nes ne peuvent pas intervenir sur les questions inscrites à l’ordre du jour, les préoccupations et besoins des locataires, constituant pourtant près de 74% des résidantEs du Sud-Ouest ne sont défendues par aucunE éluE en place.

D’autre part, quelques questions concernant les problèmes de déneigement, et plus particulièrement la faiblesse de l’attention accordée aux besoins des piétons par rapport aux automobiles (déneigement prioritaire des arrêts d’autobus, des entrées des écoles, des coins de rue et autres), indiquent que les priorités du service public sont toujours centrées sur la chaussée et les autos et ce au détriment des piétons. À quand un virage significatif en faveur du monde ?

Ordre du jour :

Pour le reste de l’ordre du jour c’est généralement, sauf exception, d’un ennui total sinon d’une frustration continue de ne pas pouvoir intervenir sur des sujets d’intérêts publics.
Malgré cet ennui, des décisions importantes sont prises et encore là, sur aucun des sujets à l’ordre du jour, un seul commentaire n’a été prononcé de toute la séance. Beau spectacle démocratique.

� Tout de même 14.5 millions$ d’emprunt (Programme triennal d’immobilisation) au total ont été approuvés par le conseil d’arrondissement :
- pour des travaux de réfection des immeubles 3.2 millions$ (la liste des immeubles est fournie),
- 3.2 millions$ (la liste est fournie), programme de remplacement de véhicules,
- 1.45 million$ de travaux dans les parcs (la liste n’est pas fournie)
- 6.5 millions$ dans la réfection routière (la liste des rues et trottoirs n’est pas fournie)

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� Les éluEs ont aussi approuvé le bilan annuel 2005 sur l’utilisation des pesticides qui n’était pas disponible. J’ai demandé à un fonctionnaire une copie de ce bilan.

� Enfin, une consultation publique aura lieu le 1 février au Centre St-Charles, concernant un projet de restaurant et de traiteur au 1263 Island.

*************Les opinions et commentaires sont bienvenus****************

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Avertissement : Le compte-rendu et les commentaires ne sont ni objectifs ou neutres. Au contraire, ils se veulent une évaluation de ce qui s’y déroule par le biais d’une critique basée sur le fait que la démocratie représentative telle qu’elle se pratique dans le Sud-ouest exclue toute forme de pouvoir des citoyens et des citoyennes. Ainsi, dans un contexte ou les éluEs en place soutiennent les valeurs dominantes de la société au détriment de la justice sociale et économique, la seule façon de renverser un tant soit peu la vapeur est de créer un rapport de force sur des bases autonomes. Autrement, une véritable démocratie ne peut-être que la gestion directe de nos intérêts et de notre communauté par des institutions crées et contrôlées directement par les gens.
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