Les groupes communautaires ne sont pas en reste. Le regroupement Action-Gardien organise une «opération populaire d'aménagement» (OPA) dans deux week-ends pour inviter les résidents à proposer des moyens de développer le site. Action-Gardien a été au centre de la lutte contre l'idée de construire un nouveau casino près de Pointe-Saint-Charles.
Les anciens terrains du CN sont situés au sud-ouest du centre-ville de Montréal. La zone de 325 000 mètres carrés compte une douzaine de bâtiments industriels, dont deux immenses complexes de 28 000 et 35 000 mètres carrés respectivement.
«Nous voulons développer environ le quart du site en résidentiel», explique le prometeur Vincent Chiara, du groupe Mach inc., propriétaire des terrains. «Nous travaillons sur la table à dessin et nous sommes assez avancés.» Les nouveaux édifices seraient développés dans le prolongement des rues existantes (Charron, Bourgeois, etc).
En même temps, sur le reste des terrains, le promoteur souhaite relancer les chantiers ferroviaires. «Nous avons plusieurs offres d'usagers d'espaces industriels lourds», dit encore M. Chiara. Il précise négocier notamment avec une industrie ontarienne spécialisée dans la réparation de locomotives.
Les terrains appartiennent au Groupe Mach inc. depuis deux ans. Le CN les lui a cédés pour un dollar et des «considérations futures» demeurées secrètes. Le promoteur espérait en revendre une partie à Loto-Québec, puis a songé à y développer un Wal-Mart une fois le projet de casino abandonné. Le centre commercial est aussi tombé en raison des accès routiers insuffisants, selon le promoteur.
Plusieurs obstacles devront être surmontés par le nouveau plan. Il faut changer le zonage municipal pour permettre la construction de résidences. Les terrains devront également être décontaminés. Idéalement, M. Chiara souhaite surmonter ces difficultés dans les prochains mois et ouvrir la première phase de son chantier au printemps 2008.
Action-Gardien, la table de concertation communautaire de Pointe-Saint-Charles, annonçait hier matin sa propre initiative pour stimuler des idées d'aménagement du site. Les personnes intéressées par l'OPA sont appelées à se réunir avec des spécialistes (architectes, urbanistes et autres) les 25, 26 et 27 mai.
«Les projets de Mach ne rendent pas caduque notre démarche, bien au contraire», a ensuite commenté Karine Triollet, présidente de la table, quand Le Devoir lui a fait part des intentions du promoteur. «Il est essentiel que les citoyens soient consultés et que le développement répondent aux besoins de la population.»
La moitié des ménages de Pointe-Saint-Charles vivent sous le seuil du faible revenu et un tiers de ses ménages sont prestataires de l'aide sociale. Les pressions immobilières se font de plus en plus sentir avec la gentrification croissante.