Pointe Saint-Charles: un quartier, des femmes, une histoire communautaire

par le Collectif CourtePointe

COMMUNIQUÉ
Pour diffusion immédiate
Octobre 2006
[English version]

J’ai assez hâte que les gens prennent le livre dans leurs mains et disent : « Heille, je te dis que ça a bougé dans ce coin-là! Je te dis que ces femmes-là, elles savaient se prendre en main! »
—Thérèse

Depuis 2001, les Archives populaires de Pointe Saint-Charles travaillent à la réalisation d’un livre sur l’histoire communautaire de ce quartier de Montréal. Un ouvrage dont le but est de faire connaître la riche tradition d’or-ganisation populaire de Pointe Saint-Charles et de faire valoir sa contribution à l’histoire du Québec.

En effet, Pointe Saint-Charles est reconnu pour son rôle de précurseur dans le développement de l’action communautaire au Québec. À partir des récits de vie de neuf femmes, cinq anglophones et quatre francophones, qui ont vécu dans leur quotidien les transformations majeures qui ont touché Pointe Saint-Charles, ce livre permet de mieux saisir l’ampleur de l’action citoyenne qui s’y est exercée, et de mettre en lumière le rôle des femmes, qui ont été nombreuses à militer pour améliorer les conditions de vie dans leur quartier.

Publié simultanément en version française et anglaise, abondamment illustré, l’ouvrage aborde plusieurs thématiques telles que la lutte de la population du quartier pour des espaces publics, des logements décents, des services sociaux et de santé, l’éducation populaire, les initiatives pour relancer l’économie locale, l’éclosion du mouvement des femmes, la mise sur pied et les efforts acharnés pour assurer la survie d’une clinique de santé communautaire, et plus encore.
Le Collectif CourtePointe est composé de Denise Boucher, Thérèse Dionne, Louise Lanthier, Donna Leduc, Marguerite Métivier, Madeleine Richardson, Myrna Rose, Maureen Ryan et Frances Vaillancourt, qui ont raconté cette histoire, et de Isabelle Drolet et Anna Kruzynski, qui l’ont rédigée.

Titulaire d’un doctorat en travail social des universités McGill et de Montréal, Anna Kruzynski s’in-téresse particulièrement à la prise en charge politique des quartiers par les citoyennes et citoyens. Depuis juin 2005, elle est professeure adjointe à l’école de service social à l’Université de Montréal. En 2001, elle emménagait dans une coopérative d’habitation à Pointe Saint-Charles et s’implique dans différents comités d’organismes depuis.

Isabelle Drolet a travaillé aux Archives populaires de 2001 à 2005 et poursuit sa présence sur appel à la Clinique communautaire depuis 1993. Elle s’implique à différents niveaux dans la vie communautaire de Pointe Saint-Charles où elle habite depuis 1987, notamment aux Services juridiques, depuis plus de dix ans.

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pour entrevue ou information : Élise Bergeron • (514) 876-0097 • Tél. (514) 876-0097 • Télec. (514) 876-7951 • info@editions-remuemenage.qc.ca

Point de vente à Pointe Saint-Charles (20$):
-Services juridiques et communautaires 101-2533 rue Centre
-Clinique communautaire: 500 rue Ash
-St. Columba House: 2365, rue Grand Trunk

L'affirmation des femmes de la Pointe


Le 5 octobre dernier avait lieu au Café Paradoxe situé au YMCA de la Pointe le lancement d’un livre attendu, Pointe Saint-Charles : un quartier, des femmes, une histoire communautaire, du Collectif CourtePointe. Ce livre est la compilation des histoires de vie racontées à Mmes Anna Kruzynski et Isabelle Drolet par neuf pionnières de l’action communautaire et de l’organisation des femmes de la Pointe. La rédaction et l’édition du livre se sont fait dans un processus participatif au cours duquel les conteuses ont raconté leur histoire et ont participé activement à la rédaction finale de l’ouvrage. Afin de refléter la réalité démographique du quartier, le livre paraît simultanément en français et en anglais.

Plus de 200 personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à ces femmes qui n’avaient jamais été mises sous les projecteurs et applaudies avec autant d’enthousiasme. L’animatrice de la soirée, Mme Faye Wakeling, a souligné leur apport essentiel à la prise de conscience des rapports de domination qui enferment les femmes dans le carcan domestique. La poétesse, chanteuse et monologuiste bien connue, Clémence Desrochers, est venue rendre hommage à ses consoeurs en récitant deux poèmes inspirés de sa propre expérience des femmes travaillant dans les « factries » de Sherbrooke. Mme Desrochers a tenu à mentionner le courage dont elles ont fait preuve, travaillant du matin au soir en plus de s’occuper du ménage. La chorale des Voix féministes a chanté deux chansons, dont une version féministe de I Will Survive qui a soulevé l’assistance.

Au cours de cette soirée bilingue, on a aussi pu apprécier la lecture d’extraits du livre par la conteuse Diane-Marie Racicot, membre du trio La Marie conteuse, et par le dramaturge David Fennario, auteur de Balconville et de Condoville, deux pièces de théâtre sur le Sud-Ouest. Les rédactrices de l’ouvrage ont expliquées le processus d’élaboration du livre. Ce projet s’inscrivait dans la thèse de doctorat de Mme Kruzynski, résidente de la Pointe, active dans plusieurs groupes communautaires et maintenant professeure en travail social à l’Université de Montréal. Le projet a bénéficié de la collaboration des Archives populaires de Pointe Saint-Charles. Mme Drolet, résidente et militante du quartier depuis de nombreuses années, a mentionnée à quel point ce projet a été enrichissant pour toutes les femmes qui y ont participé, leur permettant de revivre leur engagement social qui s’est étalé sur plusieurs décennies.

La soirée a été placée sous le signe de l’émotion. Les femmes dont le livre recueille les histoires de vie ont été présentées à l’assistance et on pouvait voir dans leur attitude que fierté et gêne se combinaient chez elles. Elles qui se sont battues toute leur vie, envers et contre presque tous « leurs » hommes incapables de croire qu’une femme pouvait parler politique, organisation et défense de droits. Une organisatrice communautaire de l’époque, Mme Linda Savory-Gordon, venue expressément de Sault Ste. Mary pour l’occasion, a témoigné de toute sa gratitude, racontant que, sortant de l’université et croyant tout savoir, elle a en réalité « tout appris » au contact des femmes du quartier qui l’ont mené vers la prise de conscience féministe.

Marco Silvestro
lapointelibertaire[at]yahoo.ca

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