Le projet du Havre n'est pas mort

Le projet du Havre n'est pas mort

Montréal mise beaucoup sur la revitalisation du Havre, avec ou sans casino

Charles-Albert Ramsay
Les Affaires
3 février 2007, p. 56

Le projet de revitalisation du havre de Montréal pourrait renaître ce printemps, malgré l'absence du Casino de Montréal. C'est ce qu'a confirmé aux AFFAIRES Isabelle Hudon, présidente du conseil d'administration de la Société du Havre de Montréal.

Pas moins de trois études de préfaisabilité sont en cours, dit-elle, dans le but de lancer sous peu la première phase du réaménagement de l'autoroute Bonaventure, clé de voûte du projet. Ces études doivent déterminer les défis de circulation, d'environnement et d'infrastructures sous-terraines. Leurs conclusions pourraient être dévoilées dès le printemps.

La Ville de Montréal mise beaucoup sur ce projet, dont un des points saillants est l'aménagement d'un parc linéaire le long du fleuve, reliant le Vieux-Montréal à Verdun.

"Ça pourrait avancer plus vite que plusieurs ne le croient", dit Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent et responsable du développement économique au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Un potentiel immobilier de 3 milliards de dollars


Il y a quatre ans, la Société du Havre s'est donné le mandat de transformer ce secteur industriel de Montréal, sur les berges du fleuve Saint-Laurent, allant du Pont Champlain au Vieux-Montréal.

D'une superficie de quelques kilomètres carrés, les zones convoitées sont détenues à 80 % par le gouvernement fédéral. L'objectif est d'en faire un quartier où se côtoieraient des maisons, des commerces et des petites usines, à quelques pas à la fois du centre-ville et du fleuve. Le potentiel immobilier est estimé à trois milliards de dollars, créant une manne fiscale pour Ottawa, Québec et Montréal.

Mais pour y arriver, il faut déloger les ateliers et les cours de triage de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada ainsi que l'usine d'entretien de Via Rail de Pointe-Saint-Charles.

Il faut aussi déplacer l'autoroute Bonaventure qui longe le fleuve. Québec devra allonger au moins un demi-milliard pour ces travaux.

Une étude technique à ce sujet a déjà été réalisée par SNC-Lavalin.

Pour la Société du Havre, un tel projet ne pouvait voir le jour sans un catalyseur. La société d'État Loto-Québec avait donc, il y a deux ans, proposé de déménager son Casino de Montréal, sis sur l'île Sainte-Hélène depuis 1993.

Malgré les protestations du Conseil du patronat et de Lucien Bouchard, ex-coprésident du conseil d'administration de la Société du Havre, le déménagement du Casino n'est plus une option. Lorsque le Cirque du Soleil a annoncé son retrait du projet, en mars 2006, la plupart des intervenants se sont demandé si la revitalisation du quartier pourrait un jour avoir lieu.
Isabelle Hudon, qui est aussi présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, avance quand même. Étant donné l'ampleur du projet, son équipe l'a découpé en étapes. L'autoroute a été séparée en trois tronçons qui pourront être réalisés graduellement.

Elle priorise le nivellement de Bonaventure à l'entrée du centre-ville. Ainsi, la rue University deviendrait un " boulevard urbain ", entre les rues Saint-Jacques et Wellington, qui serait bordé de nouvelles constructions.
" Imaginez le potentiel pour des adresses de prestige ", insiste Mme Hudon.