Quand les promoteurs mènent le bal dans Pointe-St-Charles… par Marcel Sévigny

Quand les promoteurs mènent le bal dans Pointe-St-Charles… par Marcel Sévigny

La bande de terrain achetée 126 770 $ (en vert sur le dessin)

Pendant que les citoyens préparaient ouvertement leurs demandes via l'Opération populaire d'aménagement (OPA) pour zoner vert 6 nouveaux espaces du quartier Pointe-Saint-Charles et en créer 2 nouveaux, l'arrondissement Sud-Ouest était en négociation pour acquérir un espace vert le long du canal de Lachine au montant de 126 770 $.

Il est assez are que l'on puisse affirmer que l'achat d'un espace vert n'est pas une bonne chose. Il s'agit d'une bande de terrain d'environ 7 mètres de large par une centaine de long, située entre le bâtiment des luxueux condos de la Redpath et la piste cyclable.

Dans ce cas-ci, cette dépense de fonds publics avantage essentiellement la compagnie immobilière Gueymard & Associés Ltée et un petit groupe de bien nantis installé depuis peu sur les bords du canal. Nos édiles politiques, qui connaissaient la démarche de l'OPA et qui nous braille constamment le manque de fonds, semblent se fouter éperdument des priorités venant du quartier, comme ce fut la cas récemment pour le projet Nordelec.

Il suffit de se promener dans le quartier pour constater le manque d'espaces verts pour la majorité de la population. Cette impression ne tient pas du mirage puisque l'étude de l'OPA montre que le ratio est de 1.42 hectare pour 1000 habitants, ce qui est largement sous la moyenne montréalaise et sous les normes urbanistiques qui proposent un ratio de 4 hectares par habitants au niveau local. À ce titre, Pointe-Saint-Charles est considéré comme un "îlot de chaleur". C'est-à-dire que les canicules, la pollution et autres inconvénients y sont ressenties plus durement que dans des quartiers plus ombragés.

Notre mairesse Jacqueline Montpetit, qui habite Pointe-Saint-Charles depuis longtemps, le sait très bien. Elle sait aussi qu'une grande partie de la population n'a pas les moyens de se payer la campagne durant l'été. Pourquoi a-t-elle acceptée cette dépense ? Parce qu'elle a choisi de donner sa priorité au développement des grands ensembles (Canal de Lachine, Nordelec, Imperial Tobacco, Redpath, etc.) du Sud-Ouest et de favoriser une politique urbaine carrément néo-libérale qui entraîne des records de spéculation et qui a des effets dévastateurs sur la population à faible et moyen revenu de l'arrondissement. Rappelons que le Sud-Ouest a subit la plus forte hausse d'évaluation de toute la Ville le printemps dernier. Ce qui signifie concrètement qu'il s'opère un transfert fiscal d'un arrondissement globalement moins riche vers les arrondissements ou la pauvreté est moins importante.

Non seulement la dernière acquisition de cette bande de gazon déjà zoné vert n'augmentera en rien le ratio en espaces verts mais la compagnie immobilière empochera une sorte de cadeau de 126 770 $ venant des trop rares fonds publics disponibles. Désormais, l'arrondissement devra entretenir cet espace. Parions que bientôt, l'arrondissement y ajoutera, sur simple demande des résidents d'en face, du mobilier urbain et un aménagement paysager, aux frais évidemment de l'ensemble de la collectivité. Pourtant, l'arrondissement refuse actuellement d'entretenir le petit espace vert de la rue Island où un groupe de 25 personnes a aménager un jardin en juin dernier.

Quand arrêterons-nous de cautionner cette dilapidation de fonds publics ?