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La Presse Canadienne
Actualités nationales, samedi 5 janvier 2008

Un homme menacé de déportation est réfugié dans une église depuis deux ans

Andy Blatchford
La Presse Canadienne

MONTREAL - Un demandeur d'asile algérien menacé de déportation affirme que son rêve de pouvoir demeurer légalement au Canada est toujours aussi intense, deux ans après avoir trouvé refuge dans une église.

"J'ai l'impression d'être en prison injustement, a dit Abdelkader Belaouni, un handicapé visuel de 40 ans, qui a célébré samedi le deuxième anniversaire de son ordre de déportation du Canada. Je n'ai rien fait de mal. Je paye pour les erreurs du bureau de l'immigration."

L'homme, qui souffre aussi de diabète, s'est rendu à un presbytère de Montréal le 1er janvier 2006, quelques jours avant l'émission de cet ordre.

Il habite une pièce étroite à l'étage de cette maison centenaire, qui est coincé entre deux églises catholiques dans le quartier de Pointe-Saint-Charles.

L'épicier originaire de la ville d'Oran, en Algérie, dit se sentir en sécurité avec ses maigres possessions - un petit lit et un ordinateur adapté pour les aveugles - mais que l'attente est longue.

"C'est petit, mais pour moi ça représente beaucoup, a-t-il dit. Pour moi, c'est mon univers."

M. Belaouni a émigré à New York en 1996, quand la guerre civile a éclaté en Algérie. Il affirme qu'en tant que musulman algérien, il a été victime de racisme aux Etats-Unis après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, ce qui l'a incité à déménager au Canada en 2003.

Il prétend qu'il pourrait être emprisonné et déporté vers l'Algérie s'il retourne aux Etats-Unis.

Après son arrivée au Canada, M. Belaouni a fait du bénévolat dans ce quartier ouvrier, sans toutefois se trouver d'emploi. Le ministère fédéral de l'Immigration lui a refusé le statut de réfugié, en faisant justement valoir qu'il était au chômage et n'avait aucune famille au pays.

M. Belaouni, qui anime une émission radiophonique mensuelle, affirme pouvoir compter sur l'appui de sa communauté, de 250 organisations au Québec et de députés des principaux partis politiques. Ses partisans ont notamment demandé au ministre fédéral de l'Immigration d'intercéder en sa faveur.

Le bureau de la ministre Diane Finley a refusé de commenter ce dossier, mais son porte-parole, Tim Vail, a rappelé par courriel, samedi, que l'ONU considère que la politique canadienne de traitement des réfugiés est exemplaire.

"Le Canada a un système juste, reconnu internationalement, pour offrir refuge à ceux qui fuient la persécution dans leur pays d'origine, a-t-il écrit. Il est crucial pour l'intégrité de ce système que tous les individus respectent nos lois d'immigration."

Pour sa part, le député bloquiste Thierry Saint-Cyr, qui représente la circonscription de M. Belaouni, croit que la décision rendue dans son dossier est injuste.