Le déménagement d'un bureau de poste à Pointe Saint-Charles sème l'inquiétude

Le Devoir
LES ACTUALITÉS, mercredi 19 mars 2008, p. a4

Le déménagement d'un bureau de poste à Pointe Saint-Charles sème l'inquiétude

Corriveau, Jeanne

La fermeture prochaine du bureau de poste du quartier Pointe-Saint-Charles, dans l'arrondissement du Sud-Ouest, est-elle le signe précurseur du démantèlement du service postal public? Oui, croit Action-Gardien, un organisme communautaire qui craint que les fermetures de bureaux postaux se multiplient au cours des prochaines années. Une allégation que s'est empressée de réfuter Postes Canada.

Le 28 mars prochain, le bureau de poste de la rue Richmond fermera ses portes et déménagera sur la rue Bridge, à deux pas du pont Victoria. Appuyé par le Syndicat des travailleurs des postes, Action-Gardien a sonné l'alarme il y a quelques mois, dénonçant la disparition du bureau qui dessert une population défavorisée de Pointe-Saint-Charles. Le problème, c'est que le nouveau bureau sera difficile d'accès, tant à pied qu'en transport en commun. «Postes Canada dit qu'il ne s'agit pas d'une fermeture mais d'un déménagement. Sauf que dans les faits, les citoyens perdent leurs services», explique Karine Triollet, porte-parole d'Action-Gardien. L'accès difficile au nouveau bureau de poste réduira l'achalandage, ce qui mènera inévitablement à son éventuelle fermeture, croit-elle.

Une offre d'emploi publiée récemment par Postes Canada incite Action-Gardien à croire que d'autres fermetures sont à prévoir. Dans le but de combler un poste d'agent au sein du réseau de vente au détail à Montréal, l'offre d'emploi stipulait que le candidat devrait gérer «la réorganisation des succursales postales et des bureaux urbains, ainsi que la fermeture ou la conversion de comptoir postaux». Pour Mme Triollet, il ne fait pas de doute que Postes Canada souhaite rationaliser ses opérations, ce qui pourrait mener au démantèlement éventuel du service dont le mandat est public, dit-elle.

Poste Canada dément

Postes Canada rejette ces affirmations. La décision de fermer le bureau de la rue Richmond a été prise alors que le bail arrivait à échéance, a expliqué hier Christiane Ouimet, porte-parole de la société d'État. «Rapatrier le bureau dans nos propres locaux, sur la rue Bridge, représentait pour nous une meilleure solution. Ce n'est pas une fermeture. Il y a peut-être moins de proximité pour certains citoyens, mais on offrira les mêmes services à cet endroit-là, a-t-elle soutenu. Pour nous, c'était une question d'économie de coûts de loyer.» Postes Canada n'exclut pas la possibilité d'ouvrir un autre comptoir postal dans Pointe-Saint-Charles, a-t-elle ajouté.

Au sujet de l'offre d'emploi, Mme Ouimet estime qu'Action-Gardien a peut-être mal interprété le document. La description de tâches qui y apparaît n'a pas changé depuis 15 ans, dit-elle, tout en reconnaissant que le contenu de l'offre d'emploi devrait peut-être être revu pour éviter toute confusion.

Reste que Postes Canada doit, à l'occasion, procéder à des fermetures de bureaux, mais il s'agit de cas particuliers, affirme Mme Ouimet: «Ça peut arriver, mais il n'est pas question de fermeture systématique de tous nos bureaux pour les mettre en franchises. On n'a pas de plan de rationalisation, ni d'agenda caché pour des fermetures, ni de conversion au privé. C'est vraiment du cas par cas.»

Depuis 2000, Postes Canada a fermé huit comptoirs postaux au Québec, mais Mme Ouimet soutient que certains d'entre eux ont par la suite été relogés à une autre adresse. Postes Canada compte 955 bureaux de postes au Québec et 460 comptoirs postaux gérés par des entreprises privées.