Analyse de l'attitude de la ville

Par Pascal Lebrun

Suite à l'article de madame Elkouri paru dans La Presse à propos du Jardin de la Liberté, je voudrais attirer l'attention sur un élément que la journaliste interprète bien mais que je voudrais souligner. Cet élément, c'est la réaction de l'arrondissement à notre initiative, une réaction qui mérite amplement qu'on lui consacre une petite page d'analyse...

Revoyons l'extrait de l'article en détail:

Une fois son «action jardinière» réalisée, le collectif de la Pointe libertaire souhaitait que les propriétaires officiels du terrain s’en occupent. Un peu comme s’il disait: «Nous plantons. Arrosez maintenant!» Mais l’arrondissement du Sud-Ouest ne l’entendait pas ainsi. Bien que l’on dit apprécier en général les gestes de citoyens pour embellir la ville et que l’on consente même parfois à les aider, ce geste-ci fait sourciller. « Il y a beaucoup de provocation dans cette histoire», dit Claudette Lalonde, porte-parole de l’arrondissement. Pas question pour la Ville d’entretenir ce jardin, dit-elle. «On les ignore. On les laisse aller et c’est tout», ajoute-t-elle, en précisant que l’arrondissement n’a pas «à se mêler de controverse politique».

Quelle réponse impressionnante! Quand on y réfléchit quelques instants, par contre, elle peut apparaître beaucoup plus positive qu'au premier abord...

En effet, il semblerait que le personnel politique et administratif de l'arrondissement se sente aiguillonné par notre initiative et notre discours. Notre attitude irrite, dérange, et pour cette raison, l'État ne tiendra pas compte des besoins et du bien-être de la population. En fait, on peut même dire que l'arrondissement va jusqu'à punir la population du quartier à cause de notre position idéologique... Les fonctionnaires disent: "Vous n'avez pas été gentils, alors pas de jardin", une attitude autoritaire à laquelle on est habitué, notamment avec la mairesse/maîtresse d'école Jacqueline Montpetit...

Une attitude que je qualifierais carrément de criminelle, par contre, quand on sait que la qualité de l'air est responsable de milliers de morts chaque année à Montréal et que le quartier manque cruellement d'espaces verts purificateurs... "Tant pis, semble se dire la ville, pas de pitié pour une population qui cache des anarchistes!" Comment les politiques et les administrateurs peuvent-ils légitimer un tel état de fait simplement par une attitude qui les dérange? Des criminels, oui...

Mais au fond, c'est vrai que ce n'est pas réellement une punition. La ville n'enlève absolument rien à la population; sans notre action, il n'y aurais tout simplement JAMAIS eu de parc à cet endroit! L'argumentaire de Claudette Lalonde n'est, comme Rima Elkouri le déduit bien dans son article, rien de plus qu'un écran de fumée pour camoufler son incompétence crasse... C'est très drôle, quand on y pense, que la ville se cache derrière un discours anarchiste pour justifier son incapacité à améliorer le sort des gens du quartier. Ce n'est pas seulement une attitude autoritaire, c'est une attitude pathétique!

Mais au fond, est-ce que cette attitude ridicule nous dérange vraiment, nous? Absolument pas! Ou en tout cas, je crois qu'elle ne devrait pas. Quel meilleur appui la ville pourrait-elle nous donner qu'en se reconnaissant elle-même inutile en général et même néfaste envers les gens qui ne lèchent pas les bottes de leurs élus et fonctionnaires? Quel meilleur appui que de nous dire franchement que l'on ne doit rien attendre de bon de ces gens-là? Pour un peu plus, on croirait que l'arrondissement est devenu anarchiste lui aussi et souhaite sa propre dissolution!

Pour ma part, c'est un gros bravo à l'arrondissement pour son honnêteté si inhabituelle et la franchise dont elle fait montre en évaluant son (inexistante) impartialité et son utilité sociale (nulle)!