Vincent Chiara sème à tout vent

Agence de presse libre de la Pointe - 28 août 2009 Le promoteur immobilier Vincent Chiara, propriétaire des anciens ateliers ferroviaires du CN dans Pointe-Saint-Charles, sème les mises en demeure à tout vent.

Depuis l'incendie majeur qui a détruit le principal bâtiment sur ces terrains (voir CN: le bâtiment principal, occupé illégalement, part en fumée), M. Chiara a mis en demeure au moins trois organismes de se rétracter quant à des allégations sur sa conduite. En effet, La Presse, La Pointe libertaire ainsi que le parti politique Projet Montréal ont été mis en demeure par l'ancien avocat devenu promoteur immobilier.

On apprenait mardi le 25 août que le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s'est publiquement rétracté durant le conseil municipal du 24 août 2009 et a offert des excuses à M. Chiara, à sa Fiducie Mach et à la compagnie propriétaire des anciens ateliers, Les Cours Pointe-Saint-Charles.

L'affaire remonte au 15 juin 2009, alors que le conseil municipal de Montréal examinait un avis de motion relativement à l'acceptation d'un projet de règlement intitulé "Règlement autorisant l'occupation des anciens Ateliers du CN situés rue Le Ber à des fins commerciales et industrielles et autorisant la construction d'immeubles à des fins résidentielles et commerciales, sur les terrains portant le numéro de lot 3 415 342 du cadastre du Québec" (voir le compte-rendu de la séance du conseil municipal du 15 juin 2009, page 47). M. Bergeron aurait alors émit des doutes quant à la légalité de la transaction entre le CN et M. Chiara.

Dans une autre déclaration relative à l'éthique du parti du maire Tremblay, M. Bergeron mentionnait par voie de communiqué les méthodes couramment utilisées pour contourner la loi sur le financement des partis politiques. Ensuite, en conférence de presse, M. Bergeron a utilisé l'exemple de la soirée de financement qui a eu lieu au domicile de M. Chiara en août 2005, où le maire était présent, et qui a permis de récolter plus de 50 000$ (voir le compte-rendu sur le site de Radio-Canada).

La mise en demeure qu'a reçu M. Bergeron concernait ces deux déclarations.

Il apparait patent que M. Chiara n'aime pas être placé sous les feux de la rampe quant à ses agissements politiques ou a son passé d'avocat. Suite à une couverture médiatique qu'il a jugé peu flatteuse après l'incendie sur ses terrains, il a déclaré dans une entrevue publié en décembre 2008 que "votre réputation, c'est tout ce que vous avez" (dans le magazine eSpace Montréal, vol. 17 no. 4, p.12). Il semblerait que le milliard de dollars de valeur du portefeuille immobilier qu'il gère n'ait guère de valeur.

D'autres mises en demeure

En décembre 2008, La Pointe libertaire recevait par courriel une mise en demeure de se rétracter quant à une publication jugée diffamatoire par M. Chiara. Il s'agissait de sa biographie "non-autorisée" que nous avions mis en ligne quelques semaines plus tôt et qui rappelait notamment son passé d'avocat de personnes condamnées pour activités criminelles. Nous parlions aussi de la vente des anciens ateliers du CN pour 1$. Suite à une vérification de nos informations, nous avons retiré le texte du site pour le remplacer par un texte essentiellement axé sur ses activités immobilières (voir Qui sont Vincent Chiara et le Groupe Mach?). La mise en demeure nous demandait aussi de publier une rétractation complètement fantaisiste, ce que nous avons refusé de faire.

Le quotidien La Presse a reçu, quelques jours après nous, une mise en demeure moins substantielle mais concernant les mêmes faits, soit le passé d'avocat de M. Chiara et ses activités à Pointe-Saint-Charles. Dans cette nouvelle menace de poursuite, les avocats du promoteur immobilier reprochaient au quotidien et à deux de ses journalistes d'avoir insinué que l'incendie majeur sur son terrain pouvait être d'origine criminelle. Les articles incriminés mentionnaient aussi que M. Chiara fut l'avocat d'un homme condamné pour trafic de stupéfiant, activités mafieuses et évasion fiscale. La mise en demeure contenait une rétractation devant être publié dans le quotidien, lequel a refusé de le faire. Selon une source proche du dossier, une poursuite judiciaire aurait alors été entamée.

La liberté d'expression réservée aux riches?

M. Richard Bergeron, bien qu'élu municipal, ne dispose pas de l'immunité parlementaire réservée aux député-e-s provinciaux et fédéraux. Les journalistes et les militant-e-s sociaux non plus. Autre caractéristique commune, Projet Montréal, La Pointe libertaire et les journalistes de La Presse ne sont pas riches. A la lumière des événements actuels, il semblerait que la liberté d'expression soit réservée à ceux qui ont le pouvoir (lire: "les moyens financiers") de menacer les autres de poursuites en diffamation...

M.S.
Agence de presse libre de la Pointe

Revue de presse

John Gomery avec Projet Montréal (Radio-Canada)

Querelle d'éthique entre Tremblay et Harel (Le Devoir)