Le Piedmont: un autre projet du Groupe Mach contesté

Agence de presse libre de la Pointe – 7 octobre 2009. Le propriétaire du terrain des anciens ateliers ferroviaires du CN dans Pointe-Saint-Charles, le Groupe Mach, fait face à de la contestation dans l’arrondissement Ville-Marie. Le projet immobilier Le Piedmont situé rue Cedar (arrondissement Ville-Marie), en cours depuis 2003, est encore une fois contesté après que le promoteur cherche à obtenir une autre modification du zonage.

Le projet est situé juste à côté de l’Hôpital général de Montréal, qui fait partie du complexe hospitalier universitaire McGill.
Photo : Phil Carpenter, The Gazette


Le Groupe Mach est propriétaire d'un terrain au 1750 Avenue Cedar, près de l'Hôpital général (partie du Centre hospitalier universitaire McGill) sur les flancs de la montagne. Depuis 2003, un projet résidentiel de luxe doit être construit, mais les résidentEs des alentours s'y opposent, si bien que trois référendums portant sur des versions antérieures du projet ont eu lieu. Le projet a, depuis les débuts, changé de promoteur. Le promoteur actuel, Groupe Mach, a finalement obtenu le changement de zonage nécessaire pour construire un immeuble résidentiel de quatre étages comprenant un stationnement souterrain (le zonage obtenu permet jusqu'à 8 étages.) Ce projet, appelé Les Appartements Le Piedmont (9175-2188 Québec Inc.) est un partenariat entre M. Vincent Chiara, président du Groupe Mach, M. Ben Lieberman et M. Sam Drazin; ces trois promoteurs travaillent souvent ensemble (voir Qui sont Vincent Chiara et le Groupe Mach?.)

Rappelons que les flancs du Mont-Royal sont théoriquement un espace protégé où la construction est étroitement balisée. Cependant, l'orientation urbanistique du maire Tremblay - dont Vincent Chiara est un proche - est de hausser la densité urbaine à Montréal et de permettre des immeubles de 6 à 8 étages un peu partout, même si les immeubles résidentiels de moins de 4 étages sont la norme ici. Le Mont-Royal est exposé à plusieurs projets immobiliers, notamment celui de la transformation de l’ancien collège Marianopolis situé juste à côté du projet du Groupe Mach (et dont les plans sont faits par les mêmes architectes).

La construction de l'immeuble est commencée depuis 2008, après près de six ans où les promoteurs furent périodiquement ramené à leur table à dessin :

Ce n'est pas la première fois que le terrain du Groupe Mach, dans la montagne protégée, divise élus et citoyens. Avant d'être approuvé, le projet avait fait l'objet de trois référendums. Chaque fois, l'arrondissement a eu assez de signatures des résidants pour exiger du promoteur qu'il refasse ses devoirs. La construction a finalement débuté en 2007-2008, après huit ans de pourparlers avec la Ville. Source : Le mont Royal devient un enjeu électoral

Or, l'Association des résidents de l'Avenue Cedar, l'association Les Amis de la Montagne ainsi que l'organisation de conservation du patrimoine Héritage Montréal s'insurgeaient fin août 2009 que le promoteur Groupe Mach ait demandé une autre modification du zonage (après le début de la construction) afin d'utiliser son bâtiment à des fins institutionnelles.

En effet, selon les organisations nommées ci-haut, le promoteur Groupe Mach et la direction du MUHC (McGill University Health Centre) seraient sur le point de s'entendre pour un bail à long terme (35 ans) afin de louer le stationnement souterrain. Du coup, Groupe Mach a l'idée d'utiliser le bâtiment pour loger une clinique privée et des bureaux de médecins. Il a déposé à cet effet une demande de modification réglementaire qui devait être examinée par le conseil d’arrondissement Ville-Marie début septembre (consulter l’ordre du jour, article 40.08.) La demande fut retirée de l’ordre du jour à la dernière seconde devant la grogne des citoyenNEs (voir Le mont Royal devient un enjeu électoral .)

L’association des résidentEs accuse la direction de l’hôpital de renier une entente stipulant que tout nouveau développement du MUHC devra se faire sur le site Glen prévu pour le nouveau centre hospitalier (qui sera éventuellement construit). Louer à long terme un nouvel édifice en construction contrevient à cette entente. Les résidentEs craignent pour leur qualité de vie, notamment l’augmentation du trafic automobile, les nuisances provoquées par les utilisatrices et utilisateurs de l’hôpital, ainsi que la crainte de voir le bâtiment s’élever jusqu’à 8 étages comme le permet le zonage (voir Hospital accused of reneging on deal.)

On ne peut qu’être d’accord avec certains des commentaires émis par des lectrices et lecteurs sur l’article de la Gazette qui rapporte le mécontentement des résidentEs : « Ahh poor little fragile community full of so much money that they don't have to worry about public health care, they can easily afford private health care », écrit par exemple Affluent (voir ici.) Il est vrai que tout ça ressemble à du « pas-dans-ma-cour ».

Par contre, l’idée d’ériger un nouvel immeuble institutionnel ou résidentiel pouvant s’élever jusqu’à huit étages éveille des réserves autres que celles des résidentEs. Héritage Montréal et Les Amis de la Montagne demandent généralement à ce que les projets immobiliers sur le Mont-Royal soient réduits au minimum et, surtout, fassent l’objet de discussion publique. Or dans ce cas-ci le promoteur cherche à changer la vocation de son immeuble, peut-être aussi les hauteurs, en évitant la discussion publique. Cela est une menace à l’intégrité de la zone protégée du Mont-Royal, estiment les deux organisations (voir Environmental watchdog blasts MUHC .)

De plus, le projet s’apparente assez à un Partenariat public-privé (PPP) : un bail de 35 ans pour louer une infrastructure construite et administrée par le privé, c’est le contrat-type des PPP. Voilà encore un exemple qui montre l’intérêt des promoteurs immobiliers : rentabiliser absolument de gros investissements au détriment des considérations autres qu’économiques. Ainsi les nuisances envers les voisins, l'intégration dans l’environnement, le respect des zonages dans une zone sensible, les consultations publiques, tout cela ne veut rien dire pour les investisseurs, pour qui un terrain est un potentiel de profit plus qu'un espace entouré de voisins et inscrit dans un patrimoine urbain.

Bien sûr, M. Chiara affirme qu’il écoute les résidentEs et qu’il fera le nécessaire pour améliorer son projet (notamment dans l’article de La Presse). Considérant la façon dont se déroulent les négociations et les « améliorations » à son projet de développement des anciens ateliers du CN dans Pointe-Saint-Charles, on va se permettre d’attendre des résultats tangibles avant de se prononcer sur la qualité de son écoute.

M.S.
Agence de presse libre de la Pointe

Sources et revue de presse

Environmental watchdog blasts MUHC (Monique Muise, The Gazette, 31 août 2009)

Ordre du jour de la séance régulière du conseil d’arrondissement Ville-Marie (1er septembre 2009)

Le mont Royal devient un enjeu électoral (Sara Champagne, La Presse, 2 septembre 2009)

Procès-verbal de la séance ordinaire du conseil d’arrondissement Ville-Marie (2 septembre 2009)

Hospital's tactics rile Cedar Ave. residents (Aaron Derfel, The Gazette, 30 septembre 2009)

Hospital accused of reneging on deal (Aaron Derfel, The Gazette, 1er octobre 2009)