Petit commentaire provisoire sur le rapport de l'OCPM sur les terrains du CN

Je n'ai pas terminé la lecture du rapport de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), alors ce commentaire ne concerne que l'un de ses aspects. Il m'a frappé au point où je trouve important d'en parler séparément et immédiatement.

Concrètement, je veux parler de l'introduction à la partie "3. L'analyse de la commission" du rapport, dont voici la première phrase:

"Le projet sous examen est complexe : vaste territoire, pluralité de vocations entrevues, multiplicité des acteurs, tensions sociales vives et manifestes inscrites dans une période de temps importante, conflit politique de plusieurs ordres, horizons idéologiques contrastés."

Je suis surpris par l'utilisation des mots "tensions sociales vives et manifestes", "conflits politiques" et "horizons idéologiques contrastés". Non pas que je trouve qu'ils soient mal choisis, bien au contraire. Pourtant, il est devenu assez rare, dans la morosité politique ambiante, qu'on reconnaisse les conflits sociaux associés aux inégalités sociales ou aux différentes idées politiques. C'est ça qui me surprend.

Il semblerait que les commissaires de l'OCPM aient non seulement saisi une bonne partie des enjeux de fond du quartier, mais aussi qu'ils aient eu le courage de les nommer dans leur rapport.

Est-ce à mettre sur le compte de leur qualités personnelles ou bien est-ce qui se passe quelque chose en ce moment dans notre société? Quelque chose qui nous amènerait peut-être en dehors du monopole de la pensée néolibérale unique...? Est-ce que les dernières années de lutte de la gauche radicale au Québec auraient enfin réussi à ramener un peu de légitimité du côté des opinions critiques envers le néolibéralisme, voir, carrément, le capitalisme?

Je pose la question sans pouvoir y répondre, même si je souhaite de tout coeur avoir raison... Je ne sais donc pas s'il se passe quelque chose dans notre société, mais une chose est sûr, c'est qu'il se passe quelque chose dans Pointe Saint-Charles!

Les mots du rapport de l'OCPM peuvent sembler plus durs que la langue de bois à laquelle nous sommes habituellement confronté-es, mais ils ne sauraient en aucun cas être exagérés. Il y a vraiment quelque chose qui bouillonne dans Pointe Saint-Charles...

Par Pascal Lebrun