Appel aux manifestantEs du 1er Mai 2010

Par Marcel Sévigny - 29 avril 2010.

Bienvenue à la Pointe

Ça n'arrive pas très souvent que Pointe-Saint-Charles accueille des milliers de syndiqué.e.s et autres militant.e.s des mouvement sociaux. S'il en vient 10 000, la manif fera doubler temporairement le nombre de résident.e.s de notre petit quartier.

Sans aucun doute, les libertaires et nombres de résident.e.s seront content.e.s d'accueillir autant de militant.e.s syndiqué.e.s et sociaux qui partagent les mêmes préoccupations quant aux conditions de vie et de travail d'une majorité de la population québécoise et de celle du quartier.

Il faut que les manifestant.e.s sachent qu'en traversant le canal de Lachine, ils et elles mettront le pied sur un territoire en proie depuis plusieurs années à une violente spéculation immobilière, mais où également la lutte sociale fait partie du portrait. Une lutte qui s'attaque à l'enjeu que pose la disparition d'un quartier populaire historique et qui nous sert actuellement de milieu de vie.

Même si cela n'apparaît pas toujours à première vue, la spéculation et les effets de l'embourgeoisement provoqués par les promoteurs immobiliers nous renvoient au fonctionnement du système capitaliste. Ils ne font qu'accentuer à leur manière la lente mais réelle érosion des assises de la solidarité sociale.

Pour une stratégie de lutte combative

On le voit depuis de nombreuses années maintenant, les manifs ne suffisent plus à établir le rapport de force nécessaire pour faire plier les gouvernements, qu'ils soient locaux, national ou fédéral, et les faire répondre aux préoccupations sociales, culturelles, écologiques ou économiques. Les forces dominantes s'en foutent des manifs, car elles savent que ça n'ira pas plus loin. Elles savent, malgré les tensions provoquées, qu'elles pourront continuer à saper par diverses manœuvres le filet social. Et c'est effectivement ce qui se produit inexorablement.

Les manifs sont des occasions d'exprimer collectivement nos malaises, nos revendications et nos colères, mais elles resteront une simple parure de la société dite démocratique si elles n'ont pas de lendemain. Pour être efficaces, mobilisatrices et éducatives, les manifs doivent faire partie d'une stratégie générale pour forcer les dominants (les lucides et autres adeptes de la croissance capitaliste) à retraiter sur le front des luttes sociales, au travail comme dans nos milieux de vie.

Autrement, nous continuerons de glisser et à laisser encore plus de place aux idées de droites ou réactionnaires. C'est malheureusement ce qui nous attend vraisemblablement au lendemain de la fête internationale du premier mai 2010.

Secouons nous le pommier

Alors comment rendre à la manif le sens subversif dont nous avons besoin pour arrêter de reculer? La réponse est facile, mais sa mise en œuvre est plus difficile.

Il nous faut mettre en œuvre des moyens d'action pour perturber le fonctionnement du système. La désobéissance civile, les blocages administratifs et autres moyens perturbateurs pourraient et devraient être utilisés contre la machine capitaliste et gouvernementale. Des groupes syndiqués ou sociaux pourraient prendre des initiatives sans attendre qu'un.e permanent.e nous fasse signe. Nous savons que cela demande de l'engagement, de retrouver un certain courage, mais le potentiel est bel et bien là; les victoires nous attendent là où nous aurons le courage d'aller les chercher.

Vers la grève sociale!

Y-a-t-il urgence d'agir au delà des manifs traditionnelles ? Cela dépend souvent de nos perceptions individuelles, de comment on pense s'en sortir par nos propres moyens; toujours cette même espèce de paradoxe face aux préoccupations collectives...

Des libertaires de la Pointe agissent en considérant qu'il y a urgence. Cette urgence, c'est de nous questionner sur la nature du système politique et économique et de remettre en cause toutes les formes d'exploitation et d'oppression.

Si nous pensons que les manifs sont nécessaires, les actions directes pour perturber le système d'exploitation sont devenues parties prenantes d'une stratégie pour aller vers une véritable appropriation du territoire, c'est à dire de ce quartier qui nous sert de milieu de vie. Ce projet politique, c'est l'autogestion du quartier.

Face aux forces dominantes, il nous faut développer un outil collectif comme la grève sociale dans les milieux de vie et dans les milieux de travail.

C'est l'appel que nous lançons à toutes nos visiteuses et nos visiteurs à l'occasion du premier mai. Autogérons nos milieux de travail et nos milieux de vie, ne laissons plus aux autres le soin de décider pour nous. À ce petit jeu on se fait toujours avoir!

Voir aussi le compte-rendu de la journée: Deux manifestations pour la fête internationale des travailleurs et des travailleuses