L'écologie dans la balance

On apprenait lors de la soirée d'information sur les terrains du CN organisée par Action Gardien, lundi dernier le 4 octobre, que l'arrondissement du sud-ouest s'était penché sur la présence non réglementaire de Gravel Auto sur les anciens ateliers du CN.


Il semblerait que l'arrondissement ait choisi de ne pas sévir contre le propriétaire des lieux, le tristement célèbre Vincent Chiara, ainsi que contre Gravel pour des raisons "écologiques". En effet, les installations de Gravel dans Pointe Saint-Charles seraient équipées du dernier cri en matière de peinture automobile, rendant la chose beaucoup plus écologique que partout ailleurs à Montréal. Sévir contre Gravel revenait à l'expulser vers d'autres de ses installations, moins écologiques. L'écologie a donc été "jetée dans la balance" face à l'illégalité (le maire Dorais appelle ça la non-conformité. Mais pour les gens il s'agit carrément d'illégalité) de la présence de Gravel sur ces terrains.

À première vue, ça peut sembler un choix éclairé, mais en posant la loi et l'environnement sur les deux plateaux de la balance de la justice, on se rend compte que l'arbitraire demeure. Est-ce que les aspects écologiques du projet du Centre Social Autogéré (CSA) avaient été pris en compte par les autorités avant de violemment mettre fin à son occupation en déployant, entre autres, le GTI (le SWAT) contre des gens non armés? Probablement pas, et en avril dernier, les forces du SPVM protégeaient les installations de Gravel, encore contre la "méchante" population, tout comme l'année passée elles ont évincé le CSA...

On m'opposera que ce n'était pas la même administration. C'est vrai. La mairie d'arrondissement était à l'époque de l'éviction entre les mains de l'ineffable Jacqueline Montpetit, mais il n'en demeure pas moins que c'était et est encore la même institution. Au delà du traitement de faveur envers les criminels à cravate par rapport aux gens ordinaires, que je ne manque jamais de dénoncer, j'aimerais donc bifurquer vers un autre sujet, celui de la représentation politique.

Lorsque la nouvelle équipe est rentrée à l'arrondissement il y a bientôt un an, elle semblait constituer une cassure profonde avec celle de l'administration précédente, surtout avec la mairesse Montpetit. Et à bien des égards, cette cassure était réelle. Je pense encore aujourd'hui que la présente équipe est largement supérieure en qualité et en compétence que celle de Jacqueline Montpetit.

J'ai donc souvent entendu dire après l'élection que ça ne servait plus à rien de s'organiser en dehors des normes et des institutions, puisque maintenant nous avions des élu.e.s à l'écoute de la population. Là, je ne suis pas d'accord. Je pense qu'il est toujours aussi important de s'organiser à la base et à l'extérieur des institutions, pour deux raisons.

D'abord, même si on était 100% satisfait.e.s avec l'équipe en place, il n'en demeure pas moins qu'elle ne sera pas en place pour toujours. Même si on ne lui souhaite rien de mal, le maire Dorais n'est pas plus éternel, physiquement ou politiquement, que n'importe qui d'autre. On se rappelle assez bien qu'avant lui, il y avait Jacqueline Montpetit en poste, mais on semble avoir oublié qu'avant elle, c'était Marcel Sévigny, maintenant membre du collectif de la Pointe Libertaire, qui représentait le quartier à l'hôtel de ville... Arrêter de s'organiser, c'est prendre le risque d'être pris.e.s au dépourvu lors d'un changement d'administration. Un risque coûteux, si je me fais un petit bilan rapide des années de la successeur de Marcel...

L'autre raison, c'est l'efficacité, pure et simple. Mais je me rends compte que cet article commence à être long... Je me contenterai donc ici de dire que ce n'est pas seulement une question de principe. Plus à venir là-dessus.

Devons-nous donc embarquer dans le train Dorais? Bonne question, mais en attendant, Gravel va rester sur les terrains du CN...

Par Pascal Lebrun