TURCOT: Une assemblée en grogne contre le MTQ

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 1 février 2011.

C’est devant une salle bondée de près de 350 personnes que 3 représentantEs du ministère des Transports du Québec (MTQ)

se sont retrouvées hier soir. Cette soirée d’information s’est rapidement transformée en critiques acerbes du projet de rénovation de l’échangeur Turcot.

À l’évidence, la présentation a mis l’accent sur de nombreux aspects « verts » du projet pour tenter d’amadouer la salle. Pendant la phase de préparation des plans et devis, Alain Marc Dubé le chargé de projet du MTQ... ,que l'on voit ici au centre de la photo, a affirmé qu’il y aura « reconsultation», non pas... auprès des résidentEs mais de la Ville sur le design des matériaux, l’intégration urbaine, la vocation des espaces publics et autres espaces résiduels.

Mais à l’évidence la tactique n’a pas fonctionné. Les critiques quasi unanimes et souvent très dures des dizaines de citoyenNEs qui se sont pointées au micro ont parlé de pollution, d’un manque de vision, d’absence de virage vers le transport collectif, de projet rétrograde des années 1970, etc. Ce ne sont que des mensonges d’affirmer un résident sous les applaudissements de la salle.

C’est surtout le chargé de projet Alain Marcec Dubé, formidable « langue de bois », qui a défendu les aspects les plus douteux du projet gouvernemental. Il méritera sûrement une prime au rendement pour avoir tenté de faire oublier l’absence des responsables politiques, dont la députée du coin Margueritte Blais du parti libéral, qui s'est fait huée.

La question d’une fillette de 7 ans et la réponse du MTQ résument à elles seules le faussé qui existe entre les prémisses du projet porté par les bureaucrates gouvernementaux et les besoins des résidentEs. À la question simple « Pourquoi le nouveau projet est-il plus gros (en terme de voies de circulation) que celui qui existe présentement »? La réponse simpliste: « On reconstruit plus grand pour permettre aux autos qui tombent en panne de se tasser sur le côté ». Qui a-t-il d’autre derrière cette réponse misérable que la recherche de la fluidité automobile au détriment de la qualité de vie de la population? Voilà pourquoi le gouvernement dépensera 3 milliards $ de fonds publics.

La véritable prémisse du projet Turcot

Une des réponses claires offertes par le MTQ a été de dire que la reconstruction de l’ouvrage vise à maintenir le niveau actuel de circulation. Elle est là la véritable prémisse de ce projet. Protéger à tout prix le niveau de circulation automobile actuel. Dès lors, on comprend la nécessité de démolir 114 logements, de rajouter une bretelle dans le quartier Saint-Henri, tout en donnant un espace pour un éventuel, mais incertain, transport collectif. C’est ça la politique du gouvernement partagée par le maire Tremblay. Sauver le chou et la chèvre, c’est ça le concept de développement durable qu’a défendu Alain Marc Dubé et les 2 autres directeurs de service du MTQ. C’est ça qui permet à Alain Marc Dubé de dire qu’il y aura « reconsultation » alors que les avis d’expropriation arriverons dans quelques jours dit-il! On bétonne le projet et ensuite on nous demande choisir la couleur du béton. C’est ça le véritable mépris des dirigeants et des institutions étatiques envers les populations.

Un petit Accès-logis avec ça!

Alain Marc Dubé a insisté « la négociation des évictions est une affaire privée ». Voilà comment on divise. Voilà comment se loger, un droit fondamental des droits de la personne dans la société, devient un problème privé et toujours marchandable. Le MTQ offrira dit-on un relogement avec le programme Accès-logis. Utilisera-t-on le programme actuel, déjà nettement insuffisant, pour court-circuiter des projets de logement social déjà en chantier?

Et que fait le groupe "Bâtir son quartier" dans cette galère avec le MTQ? Travaillant déjà à reloger des locataires, selon les propos du MTQ alors que des citoyenNEs du quartier Saint-Henri luttent contre l’expropriation, contre la détérioration de la vie communautaire.

« Bâtir son quartier est une entreprise d’économie sociale qui coordonne la réalisation de projets d’habitation et d’immobilier communautaire afin de créer des milieux de vie solidaires. »

Est-ce de cette manière qu’on conçoit la solidarité dont parle un des objectifs du groupe alors que le projet du MTQ détruit justement un milieu de vie?

Hier soir, la grogne était perceptible. Jusqu’ici, les pressions ne sont pas arrivées à faire bouger le gouvernement et le MTQ. Alors, l’enjeu est devenu en urgence de trouver les moyens de canaliser cette grogne et d’en faire un outil politique pour forcer le gouvernement à retraiter.

Radicaliser la lutte : squattons!


Un maillon faible qui pourrait devenir le maillon fort de la contestation devrait être le refus de toute expropriation. Comment? En squattant le 780 Saint-Rémi et d’autres bâtiments voués à la démolition.

Inutile d’attendre les prochaines élections provinciales pour modifier la donne. Sans une telle lutte, le bulldozer du MTQ nous passera sur le dos, changement de gouvernement ou pas.