Agence de presse libre de la Pointe. 17 février 2011. Depuis plusieurs semaines une vague de graffitis à caractère politique touche quelques quartiers du Sud-Ouest, notamment Pointe-Saint-Charles. Avec des messages comme "A bas tous les pouvoirs. Propageons la révolte au Maghreb" ou "Resist the internalization of obediance. Solidarité avec Egypte", ils sont clairement d'origine anarchiste, d'autant plus que le traditionnel A cerclé les accompagne.

Plusieurs autres visent directement l'Autorité dans son principe même, et ses agents que sont les juges, les policiers, les politiciens et les patrons. Un gratiné "Porcs - Flics - Assassins" a été tracé sur le mur de la bibliothèque alors qu'une justification claire a été laissée sur le viaduc du CN coin Wellington et Richmond: "Anarchists against all cages. cops and judges just enrage us". Ç'a le mérite d'être clair et net, contrairement à la langue de bois politichienne.

La plupart se retrouvent sur les viaducs du CN, près des banques et sur certains bâtiments publics. Aucune maison individuelle ne semble avoir été ciblée. Cela les distingue des "tags" et autres "signatures" de groupes de jeunes, qui, eux, n'hésitent pas à peinturlurer les petites maisons individuelles. Naturellement, les z'autorités, incluant les politichiens du Sud-Ouest, vont s'empresser de dire que tous ces graffitis sont du vandalisme, ne sont motivés que par le désir de détruire et de s'afficher, etc., ad nauseam.


Il y a quelques mois, le commandant du poste de quartier 15, Jean-Ernest Célestin, s'était permis de dire à des éluEs de l'arrondissement qu'une des raisons pour laquelle il surveille si étroitement le Centre social autogéré, c'est parce que des graffitis anarchistes avaient été peints sur les abords du Canal-de-Lachine. On voit que le commandant est quand même capable d'identifier une tendance politique, mais que ses connaissances s'arrêtent là.

L'expression d'une pensée politique rationnelle

Les graffs politiques qu'on retrouve à Saint-Henri et dans la Pointe ne sont pas motivés par un désir de s'afficher ou de marquer un territoire. Au contraire des tags, ils ne sont pas incompréhensibles pour le commun des mortels: les messages sont clairs et nets, sans signature, sans fioriture.


Ce sont des messages d'intérêt public qui expriment des idées réfléchies, expression d'un positionnement politique. L'anarchisme combat les autorités illégitimes qui oppressent la population. Flics, juges, patrons ne sont que des nuisances qui cherchent à extraire notre force vive pour la diriger vers la création de profits économiques. Les diverses tendances anarchistes affirment plutôt que la population peut autogérer la société et la production, en axant cette dernière vers la satisfaction des besoins de la population, et en élevant comme principes sociétaux la liberté, l'égalité et l'entraide.


Le capitalisme qui nous vampirise, malgré son beau discours de liberté et de prospérité, ne fait que nous maintenir dans la faim et dans l'urgence de consommer des bébelles en plastique inutiles.


En envahissant ainsi l'espace public sans rien demander à personne, les graffiteurs prennent l'espace disponible pour s'exprimer. Alors que les capitalistes nous bourrent le crâne et nous brûlent les rétines avec leurs panneaux publicitaires géants, les anars demeurent les pieds sur terre et s'expriment comme ils peuvent.


Bravo aux auteur-e-s.


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Crétinisme télévisuel radio-cadenassien

Notre chère société d'État Radio-Canada a déjà misé sur l'intelligence des téléspectateurs, il y a longtemps. Maintenant ce ne sont plus que les cotes d'écoute, le divertissement, les parts de marché publicitaires et le crétinisme qui règnent.


On en veut pour preuve l'un de ses téléromans, Penthouse 5-0, qui mets en vedette deux femmes en mal d'amour qui seraient prêtes à n'importe quoi pour avoir un buzz. Un copain a porté à notre attention une scène dans l'un des derniers épisodes où les deux femmes, qui s'excitent sur un copain policier et font un petit tour d'auto-patrouille, se font enlever par des voleurs de dépanneur, sont prises en otage et laissées ligotées dans un vieil appartement abandonné.


Aucun décor. Que des débris, de la poussière et nos deux nunuches. Mais - car il y a un mais - une vieille porte est placée en plein centre de la scène, sur laquelle est graffité un A cerclé et les mots "collectif anarchiste".

Comme si des anars allaient dévaliser un dépanneur... C'est les banques qui nous intéressent, pas nos voisin-e-s qui tiennent des dépanneurs... D'ailleurs nos graffiteurs du Sud-Ouest ont tracé un "Rob banks, not people" sur le mur du viaduc du CN près de la rue Charon.


Comme si on allait enlever deux femmes ordinaires... Pourquoi faire? Les anarchistes n'en veulent pas à la population, même aux personnes aussi nunuches que ces deux-là. Tous les "enlèvements" et tous les "assassinats" dans l'histoire du mouvement anarchiste étaient motivés par des raisons politiques et visaient des chefs d'État ou des patrons. Jamais entendu parler d'enlèvement contre rançon ou de prise d'otage pour se sortir d'une situation bloquée.


Mais les scénaristes de la télévision ne se distinguent pas par leur intelligence et leur finesse. Il leur fallait un symbole fort qui fasse peur, qui évoque la dureté et l'absence de pitié. On les soupçonne d'avoir hésité entre des barbus musulmans, des jeunes habillés en style hip hop membres de gangs de rue et des anarchistes cagoulés pour choisir leurs méchants. Trois figures régulièrement démonisées par les grands médias de masse.


Or ce n'est pas ça l'anarchisme et les anarchistes. Nous sommes ceux et celles qui vous servent votre café dans les bistro, qui transportent vos bagages aux aéroports, qui vous servent votre repas au restaurant, qui soignent vos enfants et vos vieux parents. Nous sommes partout. Nous ne voulons pas le pouvoir. Nous ne voulons pas votre argent. Nous ne voulons pas vous assujettir. Nous ne voulons pas vous enrôler.


C'est pourquoi l'Etat et le Capital ont si peur de nous et tentent de nous faire voir comme des casseurs, des vandales, des violents. Voici notre réponse:




M.S.
Agence de presse libre de la Pointe
17 février 2011
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