Le IGA quitte la Pointe?

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 22 mai 2011.

Une rumeur persistante se répand. Le seul supermarché du quartier Pointe-Saint-Charles, le IGA Toppeta, pourrait quitter le quartier. Déjà, nous savons que la SAQ a décidé de fermer sa succursale de la Pointe. Quoi d’autre! Le sort de l’école St-Gabriel se jouera en cette année 2011 et cette école de quartier pourrait ne devenir qu’un souvenir. Voilà 10 ans, des "responsables" disaient que le quartier se vidait de ses services à cause du déclin économique. Aujourd'hui, les mêmes cherchent des justifications alors que le quartier continue de se vider mais cette fois à cause de la croissance économique.

Tout le monde s’entend pour dire qu’il y a effervescence économique dans l’arrondissement Sud-Ouest depuis au moins 10 ans. Des milliers de nouveaux condos, de nouvelles entreprises, de nouveaux commerces branchés, etc. Les quartiers « choyés » par nos capitalistes sont, paraît-il, Saint-Henri, Pointe-Saint-Charles, Petite Bourgogne et Griffintown. Il n’est donc pas surprenant que le Sud-Ouest voie sa population croître. Tout ça n’est pas terminé puisque des centaines de millions d’investissements sont encore à prévoir dans les prochains mois et les prochaines années, s’il n’y a pas rechute de la croissance évidemment.

La recherche du maximum de profit et la rentabilité capitaliste

La logique du développement urbain capitaliste, qui tient lieu de discours pour la classe politique municipale, tous partis confondus, s’exprime aussi à travers le paradoxe suivant : croissance économique = appauvrissement des communautés.

Ainsi, dans le but de rentabiliser davantage ses opérations la SAQ fermera la petite succursale de Pointe-Saint-Charles. Cela laissera une seule grande succursale au marché Atwater en attendant… d’en ouvrir une dans le futur Griffintown du développement urbain capitaliste, là où il y aura des consommateurs avisés et surtout ayant les moyens de consommer.

D’autre part, le combat est engagé dans ce même Giffintown entre multinationales de l’alimentation pour accaparer un espace qui sera dévolu à un supermarché dans le développement immobilier en cours. Si la chaîne IGA met la main sur l’emplacement, c’en sera fait du IGA de la Pointe, qui serait actuellement non rentable.

Si cette hypothèse s’avérait réelle, c’est aussi le seul comptoir postal du quartier qui fermerait, fruit d’un compromis suite à la lutte des résidentEs contre la fermeture de leur bureau de poste en 2009. Là encore, la privatisation sournoise de Postes Canada pour la rentabilité maximum affecte la qualité de vie de la communauté, profit oblige.

Dans le même sens, l’école St-Gabriel est au centre d’un processus de fusion de deux écoles de la Commission English Montreal et pourrait disparaître du quartier en 2012. Toujours, la même notion de rentabilité comme argument massue.

Ces chassés-croisés visant à occuper les lieux les plus rentables sont la conséquence de la mondialisation économique au niveau local. Ainsi, même dans une situation de croissance économique et d’augmentation de la densité de la population, de nombreux services de proximité qui auparavant étaient présents à distance de marche raisonnable (10-12 minutes) disparaissent.

Au-delà d’un tel périmètre de marche que se passe-t-il ? L’incitation à utiliser la voiture devient presque irrésistible pour ceux et celles qui en ont une. Pour les autres, ceux et celles qui n’ont pas les moyens d’en avoir une ou qui ont fait le choix écologique et politique de ne pas en avoir, sachez qu’on se fout carrément de vous. C’est une façon de vider les quartiers « en renaissance » de leur population indésirable (les pauvres et les faibles consommateurs). On appelle ça l’embourgeoisement des quartiers. Lorsque critiqués, nos développeurs immobiliers et politicienNEs nous suggéreront de prendre les transports en commun pour rejoindre les anciens services de proximité, mais ils ne lèveront pas le petit doigt pour les améliorer de manière significative. Même que, si ça fait augmenter leur contribution fiscale, ils se battront ouvertement ou subtilement contre tout investissement public. Si dans tous les cas que nous avons mentionnés la rentabilité financière s’accroît, quant au capital social (la vie et la cohésion d’un quartier) il continue de s’effilocher.

Que faire ?

Surtout, ne pas attendre l’intervention du St-Esprit ou la bonne parole de ceux et celles qui nous font des promesses. C’est la même chose. Le risque d’être déçu est d’au minimum 95 %.

Notre suggestion : mettre la main à la pâte pour changer le courant des choses, c'est-à-dire de faire le choix de résister.
Pour la SAQ, il ne s’agit pas ici de défendre un service public. Il s’agit plutôt d’un symbole, celui qui veut que les services payés par l’argent public servent adéquatement tout le public. Deuxième argument, les services de proximité sont un élément incontournable de la qualité de vie dans un quartier. Alors, c’est sur cette base qu’il faut se battre et exercer un rapport de force politique vis-à-vis de cette vache à lait du gouvernement. Signer la pétition en cours est la première chose à faire.(cliquer ici) Action-Gardien

Il en va de même pour l’école, mais en y rajoutant un incontournable. Tant que les résidentEs et parents croiront que ce n’est pas important de maîtriser un système d’éducation dans leur milieu de vie, la dégradation lente, mais réelle se poursuivra. Ici c’est plus qu’une pétition qui est nécessaire. C’est la reprise en main de l’école par les parents.

Enfin, pour ce qui est du supermarché, pourquoi ne pas organiser un Vox pop du genre « Pensez-vous que c’est une bonne chose que le IGA quitte la Pointe pour Griffintown ? » Il s’agit d’ameuter et de faire un peu de brasse-camarade pour mettre le proprio Topetta dans l’embarras de se justifier. Un bon début.

Ce type de résistance doit mener vers un but, soit dans un premier temps dire aux responsables politiques et économiques que nous n'acceptons pas de nous faire plumer et de perdre des services de proximité. Dans une perspective à long terme, c'est celui de décider collectivement et en démocratie directe, de ce que nous voulons comme quartier de vie.