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Soupçons de corruption à la direction de la policeL'Unité permanente anticorruption (UPAC) a demandé au ministère des Affaires municipales de procéder à des vérifications auprès du SPVM (Service de police de la Ville de Montréal). Ce qui intéresse les enquêteurs de l'UPAC, ce sont les liens d'affaire qu'a entretenu le SPVM avec l'entreprise de sécurité privée BCIA, qui a assuré la sécurité à son quartier général pendant quatre ans. Pourtant, l'entente n'a même pas été présentée au conseil exécutif de la ville, comme cela aurait dû être le cas, pour qu'il puisse l'approuver. Rappelons que BCIA, qui a fait faillite en 2010, gravitait autour du crime organisé. C'est d'ailleurs pour cette raison que le très honnête gouvernement libéral a mis à la porte l'encore plus honnête Tony Tomassi, à l'époque ministre de la Famille, lorsqu'on a appris qu'il entretenait des liens plutôt proches avec l'entreprise. En effet, Tomassi avait payé son essence à au moins une reprise avec une carte de crédit appartenant à BCIA. Rappelons encore que l'ancien directeur du SPVM, Yvan Delorme, avait démissionné "pour des raisons personnelles" presque aussi tôt la sortie de l'affaire. La vérification de l'UPAC n'est donc une surprise pour personne. Qu'est-ce que ça implique? Au-delà du simple scandale, cette affaire est lourde d'implications politiques. Pensez-y un instant. Le SPVM a confié en cachette des fonctions vitales de son fonctionnement normal à une entreprise de la mafia... On ne peut pas ici rejeter la faute sur quelques pommes pourries. L'ensemble de l'état-major devait nécessairement être au courant, en plus d'une masse importante d'employé.e.s intermédiaires ou subalternes. Pourtant, la gamique a pu se poursuivre pendant quatre ans sans que personne au SPVM ne tire la sonnette d'alarme. Il faut croire que l'omerta policière s'étend même au personnel administratif des corps policiers et qu'elle soit assez forte pour faire passer sous silence même quelque chose d'aussi gros et d'aussi scandaleux. Mais est-ce aussi surprenant? Après tout, le SPVM est une institution comme les autres et aucune institution n'est à l'abri de la corruption. Au contraire, les institutions attirent la corruption. En effet, le mot institution fait référence à une notion de pérennité. Une organisation devient une institution parce qu'elle garde une place centrale dans la société pendant longtemps. La nature du pouvoir et des rapports de force politique fait même en sorte qu'une institution fera tout en son possible pour préserver sa propre existence. Pourtant, rien ne peut être éternel. Avec le temps, le fonctionnement de l'institution se leste de lourdeurs, de dysfonctionnements, de collusion, puis de corruption; elle dépérit. La vie est changement perpétuel, mais l'organisation de notre société fait en sorte de figer ses organisations dans le temps. En effet, changer les institutions est quelque chose d'extrêmement long et ardu; c'est la sclérose sociale. Faire un ménage au SPVM ne fera que reporter le problème à plus tard. Une solution serait de pouvoir mettre fin facilement à l'existence d'une institution et de repartir à neuf. Une crise de légitimité Ce scandale implique encore quelque chose d'important politiquement; c'est que le SPVM perd énormément de crédibilité et, donc, de légitimité. Vous le savez, en tant que libertaires, les membres de la Pointe Libertaire ont souvent eu à confronter des policiers et des policières en fonction, notamment dans le dossier du Centre Social Autogéré. La question se pose donc de savoir au nom de quelle légitimité ces gens ont-ils bien pu utiliser la violence pour nous évincer d'un bâtiment alors que nous tentions simplement de reprendre en main notre communauté et notre territoire et que leur état-major entretenait des relations avec la mafia... Lorsque les anarchistes dénoncent la brutalité policière, ils et elles se font souvent répondre que si les policiers sont violents, c'est qu'il y a une raison, que nous sommes responsables de notre propre malheur en enfreignant les lois qui régissent cette société capitaliste. Les implications de ce scandale nous permettent de démolir cet argument: si la police marche main dans la main avec la mafia, son action ne peut pas être guidée par un principe de justice quelconque, mais bien par un simple népotisme. Au-delà des bonnes intentions de la majorité de ses membres et des services réels qu'ils et elles rendent à la communauté, le SPVM garde comme première fonction le maintien de l'ordre établi, un ordre qui favorise une minorité et qui appauvrit et aliène le reste de l'humanité. Sources: Par Pascal Lebrun analyses conjoncturelles | 839 lectures
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