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Devimco sème la bisbille à GriffintownLe journal Métro et Le Devoir nous apprenaient hier que le maire de l'arrondissement, Benoît Dorais, ne se présentera pas à la conférence de presse qui marquera le début de la phase 1 du développement du "District Griffin" et qui doit avoir lieu aujourd'hui, jeudi le 25 août, pour protester contre le fait que le promoteur essaie de se soustraire à ses obligations en ce qui a trait au logement social (1) (2). Dans Le Devoir, le maire Dorais nous apprend que le promoteur, qui s'est pourtant engagé par la signature d'un premier accord de développement avec la ville à inclure 206 unités de logements sociaux à son projet de 894 condos, envisage plusieurs "entourloupettes" pour s'éviter d'avoir à respecter sa parole. Que peut-on conclure d'une telle attitude? La seule fonction sociale d'une entreprise incorporée est de maximiser le profit pour ses propriétaires. L'idéologie capitaliste soutient que c'est la meilleure façon d'assurer que la société se développe et réponde à ses besoins, puisque des gens seront motivés à agir en vue de s'enrichir. La question se pose donc de savoir si le fait qu'une minorité s'enrichit représente bien une forme utile de développement social, parce que dans les faits, seule une minorité profite de cet état de fait. Par exemple, Statistique Canada révélait en 2006 que l'écart entre riches et pauvres s'était constamment creusé depuis les années 1980 au Canada alors que la classe moyenne voyait son revenu stagner (3). Selon cette étude, les 20% les plus riches de la société se sont enrichis de 16% en 25 ans. Lors d'une conférence du CAFCA (Centre d'Analyse de la Financiarisation du Capitalisme Avancé- UQAM), l'économiste en chef de la CSN démontrait que même parmi ce 20% des plus riches, les inégalités étaient profondes. Ainsi, selon elle, 75% de la richesse produite au Québec depuis 1980 a au bout du compte été empoché par 700 personnes seulement. 700 personnes! LA société s'en porte-t-elle mieux? Clairement pas. La pauvreté sévit toujours, la classe moyenne s'endette et ça n'empêche même pas les autoroutes de nous tomber sur la tête. C'est là qu'interviennent des gens comme le maire Dorais, des sociaux-démocrates. Ces gens soutiennent qu'avec un peu de bonne volonté politique, il est possible de parvenir à des compromis sociaux qui feront l'affaire de tout le monde, y compris des plus démuni.e.s. Le premier problème avec les sociaux-démocrates, c'est qu'ils ou elles sont rarement sincère. On n'a qu'à penser au PQ d'ici, au Parti Socialiste français ou au parti Travailliste britannique qui, sous le couvert de la social-démocratie, ont appliqué à fond de train la politique néolibérale de coupures dans les dépenses sociales. Par contre, on ne peut pas vraiment accuser Benoît Dorais de faire partie de cette catégorie, ce qui nous amène au deuxième problème. Est-il possible d'établir un réel compromis social? Dans les faits, les plus riches disposent d'une capacité d'organisation supérieure à celle du reste de la société. Ils et elles disposent de plus d'argent, ont plus de facilité à délaisser le travail et les obligations familiales pour consacrer du temps à une cause, connaissent des gens bien placés et identifient plus facilement leurs intérêts communs, qui se trouvent dans le maintien de leurs privilèges. De l'autre côté, on a affaire à une population diversifiée, constamment intoxiquée par les médias et les politiques, à bout de souffle économiquement, à qui on s'est assuré de ne pas apprendre à s'organiser à l'école et qui, au bout du compte, ne possède comme seul levier d'action que la pression de masse. Les "négociations" étant aussi inégales, comment serait-il possible, même pour des gens bien intentionnés, d'en arriver à une entente satisfaisante? L'exemple récent de la lutte de Barack Obama autour de la dette états-unienne est frappant: le président qui désirait le rétablissement des impôts pour les riches (qui avaient été baissés depuis 20 ans) a été complètement bloqué par une minorité de riches bien organisé.e.s qu'on nomme le Tea Party... Benoît Dorais se retrouve donc en conflit avec Devimco. Réussira-t-il à tenir son pari et à conserver les unités de logement social? Ce n'est pas impossible, étant donné qu'il a déjà réussi à coordonner une entente entre la communauté, l'AMT et le groupe Mach dans le cadre du développement des terrains du CN. Mais il y a deux choses. Le mauvais exemple de Devimco, qui essaie de ne pas respecter ses engagements, donnera-t-il des idées au propriétaire du groupe Mach, Vincent Chiara, qui a déjà si "bonne" réputation, pour ne pas respecter les siens? L'autre préoccupation, d'ordre plus général, est de savoir si on veut vraiment d'une société dans laquelle il faut constamment se battre contre une minorité puissante et antisociale qu'on n'arrive pas à tenir en laisse pour ne pas se faire manger tout rond. Grande question. En attendant, les autoroutes nous tombent toujours sur la tête... Par Pascal Lebrun analyses conjoncturelles | 560 lectures
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