Le maire Tremblay face aux indigné-e-s

Par l'Agence de presse libre de la Pointe, 24 novembre 2011.

« On ne parle pas d’expulsion » affirme Gonzalo Nunez, le fonctionnaire « haut-parleur » de la Ville de Montréal. Mais, selon Le Devoir, les policiers ont donné aux indigné-e-s des avis de libérer l’espace public. La Ville, entendez par là en premier lieu son maire Gérald Tremblay, souhaite que les indigné-e-s s’auto-expulsent afin d’éviter d’avoir elle-même à le faire et ainsi prouver la grande tolérance affichée publiquement par notre humaniste néo-libéral de première classe. Photo de J. Nadeau Le Devoir

Nous ne savons pas si l’assemblée générale des indignés optera pour un départ volontaire de la place du peuple ou si elle maintiendra sa volonté de rester sur place. Quelle que soit la décision, l’indignation, elle, ne disparaîtra pas pour autant. Là n’est donc pas la question.

L’enjeu ici est le rapport de force qui s’est installé entre le pouvoir politique et les indigné-e-s. Si les indigné-e-s décident de passer outres les avis du pouvoir politique municipal alors nous verrons où s’arrête la fameuse tolérance tant vantée par le Maire. Il vaut la peine de reprendre quelques-unes des ses paroles publiées dans le journal Le Devoir du 7 novembre dernier, à la suite d'une entrevue.

« La force de Montréal sur la scène internationale, ce sont nos valeurs : valeur d’entraide, de solidarité, de respect, de confiance, de dignité humaine de justice sociale et de paix » .

« La cause est noble. Il y a un fondement d’injustice sociale, d’injustice économique. Ça devient d’une certaine façon, notre conscience ».

Relisez bien ces paroles. On pourrait logiquement croire que les indignés Montréalais ont l’appui du pouvoir politique pour faire bouger les choses. Il n’en est rien. C’est de la pure hypocrisie. Jusqu’à aujourd’hui, les véritables intentions de la Ville envers les indignés n’ont été dans les faits que des gestes de dissuasion. La Ville compte sur deux alliés pour mettre fin au campement. Elle a parié que le temps froid aurait raison de la présence des indignés au carré Victoria et que ceux-ci quitteront d’eux-mêmes, surtout si « on les aide » en leur mettant de subtils bâtons dans les roues. L’autre registre c’est l’utilisation du concept de sécurité. On peut tout faire croire avec l’idée de sécurité. Et s’il le faut, on inventera, comme le font toutes les bureaucraties et les polices du monde, de faux prétextes pour prétendre que la sécurité des occupants ou celle de la population est en jeu.

C’est l’humanisme personnel du Maire qui le fait hésiter jusqu’ici à employer la méthode forte. Mais la crainte que les indignés ternissent l’image de Montréal et qu’ils provoquent un élargissement actif de l’indignation dans la ville, sont le baromètre que le Maire surveille de près. Comme bon nombre de politiciens (Obama et autres), Gérald Tremblay se désole que des voyous de la finance mondiale mettent en danger le fonctionnement « normal » du système capitaliste. Mais, au-delà de cette indignation de façade, Gérald Tremblay reste un fervent défenseur de ce système qui continue d’engraisser les plus riches et d’appauvrir une partie grandissante de la population de la ville et d’ailleurs. Les orientations de développement de la ville (documents officiels, déclarations publiques et projets sur le terrain) démontrent assez facilement la direction qu’elle a pris avec Gérald Tremblay.

Gérald Tremblay, photo de J. Nadeau Le Devoir

En fin de compte, ne soyons pas surpris si ce vice-président de l’association Mayors for peace agit comme les autres pouvoirs politiques municipaux à travers le monde pour ramener la paix. Avec l’appui de la majorité des éluEs, il chassera les indignés s’ils s’entêtent à vouloir y passer l’hiver.