Merci Madame Parent

Pointe St-Charles, le 12 mars 2012

Bonjour,

Un petit mot pour Madeleine Parent, une des grandes inspirations pour la gauche militante au Québec.

À la Roback, à la Chartrand, elle était un pont entre les luttes, entre les causes, en solidarité avec les pauvres, les autochtones, les immigrant-es.
Le sectarisme, très peu pour elle. On la côtoyait dans le quotidien des luttes.

En décembre 1994, elle présentait un mémoire à la Commission Axworthy qui allait estropier les programmes sociaux. Au terme d’une manifestation de la Coalition du Grand Montréal contre la loi 37, un groupe dont plusieurs membres du Comité des sans-emploi Mtl-Centre, entra dans la salle d’audience et renversa les tables. Malgré qu’elle fut prise dans le boucan, elle refusa d’adhérer à l’anti-violence naissante de certains potentats qui dirigeaient alors le communautaire. On criait au scandale ! Elle n’a jamais dénoncé.
Questionnée, elle répondra : « Je comprends ».

Dans le délire qui a suivi le 11 septembre 2001, elle a très courageusement pris la parole publiquement pour apaiser les vas-en-guerre. Voix médiatique isolée, elle osait dire que les « victimes » n’étaient pas sans reproches.
Quelques jours après les événements, elle honorait de sa présence 300 personnes qui profitaient de leur congrès de groupes communautaires pour marcher dans les rues de Valleyfield. On chantait Le déserteur. Avec la beauté de ses quatre-vingts ans, au pied du Souffle d’Éole, cette magnifique œuvre d’art qui lui rend hommage, à elle et ses sœurs de la « Cotton » qui ont tant lutté, Madeleine Parent a soulevée la foule, voix faible mais ferme, elle a pourfendu l’impérialisme américain et lancé un appel à la mobilisation. Moment magique.

Il n’est pas nécessaire de partager tous les points de vue d’une personne pour apprécier son intégrité, son courage, sa persévérance, son dévouement réel et incessant en faveur de l’amélioration du sort de ses semblables.

Une vie utile, une vie qui rend la nôtre meilleure.

Elle doit maintenant survoler les milliers d’étudiantes en grèves, de toutes les couleurs, et se dire que tout n’est pas perdu.

Merci Madame Parent,

bertrand (loiselle)