Le maire Dorais placera-t-il sa petite pierre sur la forteresse de la répression ?

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 15 mai 2012.

Le maire Tremblay se démasque. Il se vantait l’automne dernier disant que Montréal était la ville la plus tolérante en Amérique puisqu’elle permettait aux manifestants « d’Occupons Montréal » de camper au square Victoria. Aujourd’hui, sa police applique rigoureusement le règlement sur les parcs en distribuant les amendes à ceux qui ont l’intention d’y passer la nuit.

Lorsque la situation devient un peu corsée et qu’elle demande un brin d’imagination, le maire Tremblay panique. Pas surprenant qu’il est paniqué à l’idée que des manifestations viennent perturber l’économie touristique. Son humanisme de façade se lézarde pour faire place à la philosophie du dernier recours : l’autoritarisme et le « law and order ».

Pour sa part, le Maire de l’arrondissement du Sud-Ouest nous avait déjà habitués à une certaine confrontation d’idées avec la ville centre. Sur le projet de l’échangeur Turcot, Benoit Dorais s’est fait un honneur de défendre la position citoyenne et une vision progressiste du réaménagement de l’échangeur. Sur le dossier des Ateliers du CN, le maire Dorais a suivi un cheminement semblable s’opposant clairement au laisser-aller complet du maire Tremblay.

Sur les grands enjeux du développement urbain, le quartier Griffintown étant le plus significatif de tous, là, les écarts de vue entre la ville centrale et la philosophie du maire Dorais se rétrécissent au point où les deux visions se rejoignent. Développement, développement, développement, taxes, taxes, taxes.

Militarisation et répression de la société montréalaise

Aujourd’hui, un autre secteur de la vie urbaine vient interpeller les élu-e-s du Sud-Ouest. En effet, avec la proposition municipale d’introduire un règlement sur l’interdiction des masques dans les manifs et l’obligation de divulguer l’itinéraire d’une manif à la police, le maire Tremblay répond positivement aux demandes de sa police ainsi qu’à ses propres « instincts de survie » en tant que principal défenseur politique du courant néo-libéral à Montréal. Lui aussi a lu les sondages qui donnent à Jean Charest le courage stratégique de casser le mouvement étudiant. Ajoutant la cerise sur le gâteau, le président du Comité exécutif, Michael Appelbaum, ajoute 150 policiers et les équipements nécessaires. « L’argent c’est pas un problème » dit-il. Les arrondissements seront contents de l’apprendre.

Concernant le proposition du maire Tremblay, L'opposition officielle, dont fait partie Benoit Dorais, appuie le règlement, à quelques réserves près, nous dit le Devoir du 15 mai. «Le port d'un masque sans motifs raisonnables, dans le seul but d'enfreindre la loi et de détourner une manifestation en festival de la casse, ça ne peut pas être toléré», a indiqué la chef de Vision Montréal, Louise Harel. »

Plusieurs pourront démontrer que la criminalisation du port du masque est une réduction de la liberté d’expression. Porter un masque désormais, voudra dire que l’on aura une intention criminelle. Nous rappelons que le port du masque est récent dans les manifs (une vingtaine d’années). En fait, depuis que la police photographie et filme systématiquement les manifestations. Certes, la police utilise ce matériel dans le but de repérer les auteurs « d’actes criminels », mais aussi pour constituer des dossiers d’intimidation auprès de militant-e-s qui protestent contre diverses politiques gouvernementales et qui tentent d’organiser la résistance. C’est sous cette lumière par exemple que la Ligue des droits et libertés affirme qu’il existe du profilage politique à Montréal.
D’autre part, nous dit Le Devoir, certains des élus de Vision Montréal « déplorent que le règlement rende illégales les manifestations dont l'itinéraire n'aura pas été donné aux policiers à l'avance. » «Bien qu'il faille condamner tout acte de violence, on doit être prudents dans nos réactions», a estimé Benoit Dorais, maire de l'arrondissement du Sud-Ouest.

Vision Montréal voudrait bien que le règlement soit scindé en deux, mais dans les faits les deux objectifs du règlement font bel et bien partie d’une seule et même volonté d’augmenter la répression, de donner des instruments de contrôle supplémentaires à la police et conséquemment, de restreindre la liberté d’expression.

Alors, que feront les élu-e-s de Vision Montréal du Sud-Ouest lors du vote à l’hôtel de ville ? Véronique Fournier (que l'on voit ici à droite) et Benoit Dorais résisteront-ils à la vague droitière ou se rallieront-ils à la logique partisane de Louise Harel ?