La vision éthique du maire Dorais

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 13 novembre 2012.

Au moins un aspect nous a étonnés de la déclaration du maire Dorais rapportée par les médias à propos d'une activité de financement du parti Vision Montréal: "On a échangé avec les entrepreneurs, ce sont des citoyens comme les autres, au même titre que la coiffeuse qui m'interpelle dans une file au IGA".

Comment le maire, un politicien intelligent à ce que nous sachions, peut-il, sans avoir une petite gêne, faire une telle déclaration ? Un moment d'égarement sans doute! Aurait-il oublié l'instant d'une parole le contexte politique actuel ? Une "certaine" commission, dont nous ne nous rappelons plus le nom, voit défiler fonctionnaires, entrepreneurs et professionnels de la construction à propos des liens entre le financement des partis politiques, les promoteurs et les milieux mafieux à propos de contrats octroyés avec les fonds publics.

Dans le journal Le Devoir, le chroniqueur politique Michel David se fait plus cinglant à propos de la déclaration de Benoit Dorais: "Il faudrait tout de même cesser de prendre les gens pour des imbéciles : si on vend des billets pour des déjeuners-causeries à 500 $ à des promoteurs immobiliers plutôt qu’à des coiffeuses, c’est que ces dernières n’ont aucun avantage à attendre de la Ville." C'est un peu court, mais ça résume bien l'enjeu.

Selon le journal La Presse du 12 novembre 2012, Benoit Dorais a la conscience tranquille. Il "ne voit aucun problème éthique à rencontrer des promoteurs à son bureau, à condition qu'il y ait transparence et mise en place de balise". Bien sûr il n'y a pas en soi de problème éthique a rencontrer une personne à son bureau et nous ne doutons pas de l'intégrité personnelle du Maire. Mais elles sont où les conditions de la transparence d'une rencontre privée dans le bureau du Maire? Est-ce que ça se résumerait à croire en sa parole ?

Mais au fond, cette déclaration n'a rien d'étonnant. Elle découle d'une conception politique. Benoit Dorais reconnaît sans aucun doute que divers intérêts contradictoires "animent" les acteurs de la société. Il postule cependant que ceux-ci peuvent être conciliés à l'avantage de toutes et tous. C'est ici que nous ne suivons plus le Maire, cette prétention n'étant nullement démontrée.

Au contraire, nos luttes pour le droit au logement nous indiquent que les intérêts des promoteurs immobiliers du Sud-Ouest sont nettement mieux protégés que ceux des gagne-petit, à l'exemple... de la coiffeuse.

Voilà sans doute pourquoi notre vision de l'aménagement de notre quartier est assez différente de celle des promoteurs immobiliers.