Ce rêve de riches qui nous fait la guerre

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 9 décembre 2012

Soutenus par les élites politiques municipales et fédérales qui ont investit plus de 100 millions$. pour réouvrir le canal de Lachine à la navigation et dézoner ses abords à tout vent, spéculateurs et promoteurs immobiliers n'ont pas tardé à emprunter le tapis rouge qu'on leur déroulaientOn a confié à ces derniers la reconstruction, de toute pièce, de l'ancien quartier ouvrier de Griffintown. Des rêves de riches pour des riches. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour que ça se répercute de l'autre côté du canal, là où vit une communauté réelle et historiquement enracinée.

Cela pourrait apparaître comme un simple débordement de cette vision mercantile de l'aménagement urbain. Mais ajouté à tous les autres éléments de ce qui constitue le phénomène de l'embourgeoisement, on nous mène dans les faits une véritable guerre.

La carapace "industrielle", ce qu'on nomme poétiquement le pôle d'emploi, est définitivement trouée en de multiples endroits. Le rempart de la Pointe est brisé au plus grand profit des capitalistes immobiliers. Tant et si bien que désormais, rien ne sera plus pareil. Un déséquilibre réel s'annonce dans les toutes prochaines années sur le front de la mixité sociale. Une certaine cohésion sociale existant dans Pointe-Saint-Charles depuis des lunes, déjà fragilisée, sera mise à rude épreuve.

Un bilan éloquent

Une recherche toute chaude vient concrétiser un état de fait. Réalisée au sein du comité aménagement de la Table Action Gardien de Pointe-Saint-Charles l'étude vient confirmer les pires craintes des militantEs épris de justice sociale dans notre quartier. C'est dans une salle où était présente une trentaine d'intervenantEs communautaires du quartier que la présentation a été faite.

Sur le front logement, Évelyne Dumas et Viviana Riwilis se sont attaqué aux diverses statistiques touchant l'évolution du parc immobilier de Pointe-Saint-Charles entre 2001 et 2011 et ont fait un excellent travail qui nous permet d'établir un portrait pas très rose pour la couches sociales populaires.

L'étude n'est pas entièrement complétée, les enjeux autour des stratégies d'intervention émanant des résultats restent à être identifiés et débattus. Cela aura lieu le 30 janvier prochain. Une position de quartier pourra-t-elle surgir ? C'est ce qu'il faut nous souhaiter.

Le grand chambardement:

De 2001 à 2011:

- La population du quartier s'est accrue de près de 1 500 personnes, passant de 13 280 à 14 656.

- Perte entre 100 et 160 logements locatifs dû à des transformations et démolitions

- Gain de 91 logements sociaux (9 logements par année sur 10 ans, une misère!

- Plus 718 nouveaux logements essentiellement en condos

- Explosion des prix des loyers. L'arrondissement Sud-Ouest est champion toutes catégories de l'augmentation des évaluations municipales depuis 2006 à Montréal, une bénédiction pour les coffres de la Ville.

Prévu de 2011 à 2015
+ 3 000 condos

Le nombre de logements condos aura plus que doublé le nombre de logements existants à la Pointe en 2001.

Est-il trop tard ?

La Pointe Libertaire sonne l'alarme encore une fois comme elle l'avait fait dans une lettre d'invitation à la Table Action-Gardien datée de février 2007 afin de développer une position de quartier sur le logement. Peut-être les conditions d'un tel débat n'étaient-elles pas réunit à ce moment là?

Est-il trop tard pour empêcher que Pointe-Saint-Charles ne devienne dans 20 ans un simple musée de l'histoire pour la vision bourgeoise de Montréal ?

Nous répondons NON. Mais...

Pour espérer que notre quartier ne soit pas complètement avalé par la logique économique capitaliste, que sa population à faible et moyen revenu ne soit pas largement décimé, que la solidarité sociale puisse se pooursuivbre sur des assises significatives, il nous faudra sans doute réorganiser la lutte contre le phénomène de l'embourgeoisement de manière beaucoup plus conséquente que ce que nous l'avons fait jusqu'à maintenant.