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Revue 2012Revue 2012:Grève étudiante, brutalité policière, changement de gouvernement et perspectives pour l'année à venirUne revue de l'année qui se termine, c'est souvent classique au point d'en être kétaine, mais bon, l'année 2012 ayant réellement été particulière au plan sociopolitique, il me semble intéressant d'y revenir un peu. Je vais donc aborder les trois sujets hautement interreliés de la grève étudiante, de la brutalité policière et du changement de gouvernement au palier provincial pour tenter de dessiner ce qui nous attend en 2013.
Tout ça a été rendu possible par youtube, qui permet à quiconque de publier gratuitement des vidéos. Car il ne suffit pas de filmer une bavure policière pour créer un scandale; il faut encore que l'image soit diffusée et youtube fournit un moyen simple, rapide et, surtout, hors de la portée des censures étatiques et médiatiques (du moins, encore pour l'instant). Il manquait par contre toujours un élément pour mettre le feu aux poudres, parce qu'on ne tombe pas souvent au hasard sur ce genre de contenu sur youtube; il faut savoir ce qu'on cherche et vouloir le trouver.
On n'a qu'à comparer cette grève avec celle de 2005 pour voir la différence. En 2005, les groupes radicaux ont rapidement été marginalisés par quelques exactions isolées montées en épingle par les médias, si bien que la FECQ et la FEUQ, même pas en grève, on négocié seules la fin du conflit, à rabais.
L’intransigeance du gouvernement et d'autres facteurs ont aussi sans aucun doute contribué à alimenter et élargir la mobilisation, mais il m'apparaît clair que la diffusion non censurée d'images de brutalité policière a permis de relativiser la violence étudiante au point de permettre un large mouvement de sympathie dans la gauche québécoise. La dure réalité du conflit, diffusée sans filtre médiatique, a fait ressurgir la ligne de conflit primordiale d'une société, la fracture fondamentale que représente le clivage gauche-droite et qui traverse toutes les catégories sociales, enterré depuis des années par la propagande radio-canadienne, desmarraisque et péladesque. L'opinion s'est massivement réorganisée autour de cette ligne de démarcation, permettant l'élargissement du mouvement. Sans nul doute, c'est cette contestation qui a précipité la chute de Jean Charest et permis la formation d'un gouvernement péquiste aux élections de septembre. Ironiquement, elle a sans doute aussi contribué à consolider une partie du vote de droite au PLQ, qui a fait un bon score malgré les nombreux scandales de corruption qui lui plombaient l'aile. Une bonne frange réactionnaire semble avoir préféré voter pour la corruption et la mafia, tant qu'elles remettaient les jeunes "à leur place". Le mouvement de contestation épuisé par des mois de lutte, la victoire, même minoritaire, du PQ a sonné la fin de la mobilisation de masse. Il faut dire aussi qu'une partie importante du mouvement étudiant n'est pas radicale et même plutôt d’obédience péquiste. Quoi qu'il puisse advenir quant aux frais de scolarité, cette partie estudiantine considère probablement avoir gagné et qu'une nouvelle grève contre un gouvernement du PQ doit absolument être empêchée... Pourtant, les gains sont jusqu'à maintenant plutôt ambigus. La hausse a été annulée, mais seulement jusqu'au sommet de l'éducation, dont on ne sait pas encore ce qui va en ressortir, et au prix de coupures, d'abord tenues secrètes, dans les universités. La quasi-totalité des promesses progressistes péquistes a pris le bord dans les premières semaines de gouvernance. En fait, le budget Marceau est à peu de choses près un budget libéral, c'est-à-dire néolibéral, saupoudré de quelques aspects souverainistes, comme une légère hausse du budget de la culture et la fermeture de la centrale de Gentilly. (Non, cette fermeture n'est pas une décision environnementale; elle vise essentiellement à couper l'herbe sous le pied au gouvernement fédéral dans son projet de dépotoir nucléaire pancanadien sur le territoire québécois, dont le peu de légitimité tient au fait que le Québec dispose d'un réacteur. Ce dépotoir représenterait un lourd passif pour l'État québécois lors d'éventuelles négociations sur sa souveraineté avec le fédéral...) Au mois d'août, il m'est arrivé à quelques reprises de me faire engueuler parce qu'en tant qu'anarchiste, je n'allais pas voter. Aux vues de résultats si mièvres, je ne peux pas m'empêcher de rire en repensant à ces discussions agitées. Désolé de le dire comme ça, mais on vous l'avait dit de ne pas voter PQ...
Alors, à quoi s'attendre pour les mois à venir? Un gouvernement minoritaire nous permet de croire que des élections seront de nouveau à l'agenda ce printemps, dès que le PLQ se sera choisi un chef, en fait. Le résultat risque de ne pas beaucoup changer en termes de votes obtenus par les différents partis, mais comme les scores étaient très serrés l'automne dernier, il n'est pas impossible que le pouvoir change encore de mains. Dans tous les cas, le programme néolibéral "d'austérité", c'est-à-dire de déconstruction des appareils de partage de la richesse, n'est pas pour disparaître de sitôt. Dommage qu'autant de gens aient encore cru qu'un vote pour le PQ ferait une différence. Pour la première fois de ma vie, cet automne, j'ai accordé une certaine crédibilité à la "stratégie du pire" marxiste-léniniste. La victoire du PQ a achevé un vaste mouvement de contestation de l'organisation actuelle de la société, au sens large, mais sans apporter de solution réelle à nos problèmes. Je me suis presque dit qu'il aurait peut-être mieux fallu que le PLQ reste au pouvoir...
Par Pascal Lebrun analyses conjoncturelles | 334 lectures
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