La fête des Jeux olympiques n'est pas pour tout le monde

Par Marcel Sévigny, février 2008.


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Si les jeux olympiques sont une fête pour beaucoup d'athlètes, ils sont aussi une fête pour les promoteurs en tout genre qui voient là une manne financière particulièrement généreuse. Le prestige politique et économique que rapporte de tels événements prend le dessus sur toutes les autres considérations de type humanitaire. Certains promoteurs le savent et tentent de profiter au maximum de la situation.

Évidemment, des drames sont provoqués surtout parmi les populations vulnérables, celles qui tout au long de l'année vivent des conditions de vie difficiles. Ce fut le cas à Montréal lors des Jeux olympiques de 1976.

Nous avons tous entendu parler du scandale financier de ces jeux, dont la facture a finalement été payée en 2006. Mais d'autres scandales ont eu lieu. Plusieurs mois avant les Jeux, la demande en logements pour les touristes de passage s'est accrue considérablement. À peu près tous les propriétaires d'hôtels ou d'immeubles locatifs ont voulu profiter de cette situation de "pénurie temporaire" qui allait sévir durant l'été 1976.

À Montréal, le 1er juillet représente traditionnellement le moment où beaucoup de gens déménagent. Juste avant l'ouverture des Jeux, plusieurs propriétaires de logements ont volontairement refusé de renouveler des baux à des familles dans le seul but de les réserver et de les louer à l'avance à des touristes qui allaient payer 3, 4 ou 5 fois le prix régulier pour une période de 2 mois. Et de plus, à Montréal, nous étions à la fin d'un cycle où de 1960 à 1975, plus de 30 000 logements, essentiellement dans les quartiers populaires, avaient été démolis pour faire place à des grands projets urbains (autoroute Ville-Marie, le Complexe de Radio-Canada, etc.). Et c'est sous la gouverne du maire de l'époque, Jean-Drapeau, que tout cela s'est produit.

Résultat, quelques centaines de familles se sont retrouvées sur le pavé à la fin du mois de juin 1976. Heureusement, dirions-nous, la fin de l'année scolaire a permis à ces quelques centaines de familles d'envahir et d'occuper plusieurs écoles en attendant que la "crise passe".

C'est à l'occasion d'une de ces occupations à l'école Jean-Baptiste Meilleur sur la rue Fullum dans le quartier Centre-Sud, qu'un groupe de militantEs du quartier, dont je faisais partie, a soutenu cette occupation (besoin de nourriture, de couvertures, de grands plats pour faire des repas collectifs, etc.) et fait pression sur les pouvoirs politiques et dénoncer cette situation inacceptable. Nous avions tenu une soirée de solidarité qui avait regroupée 600 personnes et tout au long de l'occupation nous avions mené la vie dure à des politiciens qui cherchaient à se faire du capital politique en cette année électorale.

Les grands événements internationaux sont toujours des occasions privilégiées où les pouvoirs politiques et économiques en profitent pour consolider leur pouvoir et leurs projets au détriment des populations vulnérables. C'est une des leçons que m'a appris le passage des Jeux olympiques à Montréal en 1976.

::: Plus d'info sur la campagne contre les jeux Olympiques de 2010 :::

Le site de la résistance aux olympiques: www.no2010.com

Des liens contre la candidature de la ville de Grenoble (France) aux jeux olympiques de 2018:
Le collectif Pièces et Main-d'oeuvre

Les renseignements généreux