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Racisme et profilage ethniqueLes dérives de la flicaille québécoise, 2004-2005, 2e partie Depuis les événements de septembre 2001, le profilage ethnique prend une terrible acuité au Québec et au Canada. Le phénomène n’est pourtant pas nouveau. En 1998, l'Enquête sur les relations entre les corps policiers et les minorités visibles et ethniques avait révélé de multiples comportements reliés au racisme ordinaire et aux préjugés raciaux. Les autorités se défendent bien de cibler les membres de certaines communautés ethniques, mais elles le font plutôt maladroitement. Le gros con d’ancien sinistre de la Sécurité publique, Jacques Chagnon, a affirmé que, même s'il ne veut pas faire de profilage, il faut « cibler davantage les communautés ethniques. Par exemple, des agents de la SQ font une deuxième enquête de sécurité - après celle effectuée au niveau fédéral - sur tous les immigrants désirant venir s'établir dans la province. » (Le Soleil, 05-03-04). Donc, du profilage ethnique, il y en a, sans en avoir, mais de toute façon on appelle ça autrement? Le Couac vous propose un dossier sur les cas de profilage ethnique. BROYER DU NOIR À Montréal, Le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) a recensé de multiples exemples de profilage ethnique : En mai, un jeune né à Montréal de parents sri lankais prend des photos dans une station de métro pour un travail d’urbanisme. Il se fait intercepter par six flics, est amené au poste et est détenu sans raison valable pendant plusieurs heures. On lui demande s’il a des origines arabes et pourquoi il s’intéresse au transport en commun…Une fois la situation éclaircie, la direction du SPVM ne trouve rien de plus à lui dire qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment. En juin, un citoyen de Mont-Royal, par ailleurs d’origine haïtienne, psychologue et commissaire aux droits de la personne, se fait filer par les flics jusqu’à ce qu’il tourne la clé dans la serrure de sa porte. « La police ne pouvait pas croire qu'un noir habitait ville Mont-Royal », constate-t-il. De même, des jeunes noirs qui ont le malheur d’habiter le West-Island se font suivre ou interpeller à l’arrêt d’autobus : « Qu'est-ce que tu fais ici, toi? ». Certains cas frôlent l’absurde : une étudiante en informatique qui a le malheur de ne pas avoir la peau blanche se fait braquer une arme entre les deux yeux sur le quai du métro Berri-UQAM. Personne ne réagit, le flic ne dit rien et fini par s’en aller. En janvier 2005, deux musiciens de rue à l’enthousiasme trop latin totalisent 10 000$ de contraventions pour « avoir fait du bruit avec un instrument à percussion ». Ils ne comprennent pas pourquoi la ville leur donne la permission de jouer sur la place publique tandis que la police les accable de contraventions. La violence envers les minorités ethniques s’étend de plus en plus aux vieilles femmes : des citoyennes du quartier Notre-Dâme-de-Grâce ont été maltraitées lors d’interventions policières. Les vieilles femmes, noires, plutôt rétives et à la langue trop bien pendue au goût des con-stables, ont été plaquées au mur, menottées, amenées au poste. Une Mme Lewis George, 73 ans, a eu des cotes cassées. Une Mme Hamilton, 74 ans, venue à la défense de son fils interpellé, se fait rudoyer et embarquer. Elle sera notamment accusée « d’avoir émis un bruit audible à l'extérieur » (pas mal, n’est-ce pas?). Son fils attrape pour 792 $ d’amende, dont 85 $ pour avoir éteint une cigarette sur le trottoir. Le CRARR affirme que, depuis l'été 2003, il a recueilli de nombreux témoignages de jeunes noirs, hispaniques et Grecs dans le quartier Parc-Extension qui se sentent victimes de profilage ethnique et de harcèlement policier. C’est sensiblement la même chose dans certains développements HLM du quartier Saint-Michel et de l’arrondissement Montréal-Nord, alors que les jeunes noirs et hispaniques se sentent sous surveillance accrue et se font donner des amendes ridicules. Un avocat spécialiste en immigration témoigne : « pour les jeunes des quartiers Saint-Michel ou de la Petite-Bourgogne, c'est tolérance zéro. La police leur colle des contraventions pour avoir jeté des cendres dans la rue, pour avoir craché, pour être descendu du trottoir ou pour s'être assis sur un bloc de béton... C'est absurde! Ils veulent les repousser de la zone. Ils les accusent de flâner. Mais les parcs, c'est fait pour flâner! » Les agents de surveillance du métro ne sont pas en reste, eux qui ont fait l’objet de multiples plaintes pour profilage ethnique, abus de pouvoir ou actes violence sur des jeunes « de couleur ». Le même avocat assure que « dans le métro, les plaintes pleuvent encore plus souvent: pour les agents de la station Villa-Maria, trois noirs, c'est un attroupement. » Précédent juridique Les Autochtones au Canada : des moins que rien En octobre 2004, le Regroupement des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACs) a dénoncé les propos de Jacques Chagnon, alors Sinistre de l’Insécurité pudique. Le gros con a déclaré, pour expliquer la violence conjugale chez les autochtones, « qu’il s’agit d’une différence culturelle ». Le regroupement des CALACs rappelait au ministre qu’il est responsable de la déontologie policière et de la mise en application de plusieurs programmes visant à lutter contre la violence sexuelle faite aux femmes, notamment en milieu autochtone. Il est honteux qu’il tienne lui-même de tels propos racistes et méprisants envers les femmes. Chagnon n’est pas le seul à considérer que les autochtones valent moins que rien. En juillet 2004, un chef d’équipe de la SQ en Abitibi fut suspendu pour avoir négligé de se rendre sur les lieux d’une bagarre où une autochtone se faisait casser la gueule par son mari. Résultat : une maison incendiée, une tentative de suicide, une femme à l’hôpital et un mari à moitié asphyxié. C’est la seconde fois que l’agent se faisait suspendre pour avoir négligé ses devoirs envers la population autochtone… L’année 2004 a vu aussi plusieurs développements dans l’affaire Lalo, un jeune Innu percuté à mort par deux flics sur la Côte-Nord en 2002. Les deux flics sont blâmés pour propos racistes. L’un est condamné à dix jours de suspension et l’autre à un an d’inéligibilité à exercer, même s’il est déjà à la retraite. Par ailleurs, les deux policiers de Québec chargés de l’enquête sur ce dérapage ne seront pas traduits devant le comité de déontologie comme le réclamait la famille de la victime, qui arguait une enquête bâclée. Ces exemples sont tirés d’une revue de la presse québécoise pour la période mars 2004-mars 2005. Marco Silvestro Article paru originellement dans le journal Le Couac, avril 2005. autres textes | 713 lectures
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