Des Sorcières à la Pointe! Compte-rendu de l’atelier "Des Sorcières comme les autres: l’expérience féministe radical"

Par l’Agence de presse libre de Pointe-Saint-Charles – le 10 mars 2009

Une vingtaine de personnes ont participé à l’atelier animé par six membres du groupe de féministes radicales, Les Sorcières, le 9 mars dernier. Cette activité, présentée par le Centre social autogéré, visait à souligner la Journée Internationale des Femmes.

Une définition du féminisme radical émergea des discussions avec la salle… C’est une lutte contre un système – le patriarcat – qui lui est en interaction avec d’autres systèmes de domination… c’est une lutte pour transformer les choses à la racine… Cette lutte touche à toutes les sphères de nos vies, publiques et privées… Cette lutte s’organise au sein d’espaces non-mixtes. Celles-ci permettent de créer un savoir à partir de la réalité des participantes, de construire des rapports sociaux plus égalitaires, de se soutenir mutuellement pour faire face à l’oppression vécue quotidiennement. Ces espaces ne sont pas une fin en soi, mais plutôt un lieu au sein duquel les participantes « se décolonisent ».

Plusieurs exemples de groupes et d’actions organisées par des féministes radicales furent mentionnés. Des Radical Cheerleaders à Némésis en passant par les Insoumises, les rencontres des féministes radicales, le collectif Cyprine, les Coalitions « Avortons leur Congrès » et anti-masculiniste, les luttes contre la loi C-484, le collectif Ainsi Squat’Elles, le FRU (Féministes radicales de l’UQAM)… jusqu’au toutes nouvelles collectives d'action directe BAM (Brigades anti-mascu) et Riposte.

La suite de l’atelier fut consacré à des échanges sur le groupe Les Sorcières, créé en 2000 par des féministes tannées du sexisme qu’elles vivaient au sein de leur groupes mixtes. Les trois points de ralliement – anti-patriarcat, anticapitalisme et anti-État – sont encore au cœur de l’action des Sorcières 9 ans plus tard. Cependant, la base d’affinité – car il s’agit d’un groupe affinitaire – s’élargit aujourd’hui aux autres systèmes de domination (racisme, hétérosexisme, etc.). Le groupe vise toujours la libération collective et individuelle de ses membres et des femmes par l’action directe, dont des pratiques organisationnelles d’autonomisation qui permettent de reprendre le pouvoir sur sa propre vie et d’éliminer les rapports hiérarchiques qui pullulent. Le groupe diffuse aussi son discours, notamment en publiant un journal, et organise des actions d’éclat contre l’Église, les pro-vies, les mascu, etc.

La discussion sur les défis a fait ressortir plusieurs éléments dont notamment le peu de liens qui existent entre Les Sorcières et des groupes anglophones de radicales et de queer; la montée de la droite; le défi de proposer des alternatives au système pourri; de vivre son radicalisme au quotidien, dans ses relations amoureuses, dans ses lieux d’implication mixtes; et de construire des groupes d’affinités qui perdurent dans le temps.

L’atelier s'est conclu en beauté, sur le plaisir de participer au groupe, sur ce que ça apporte à la vie des participantes. C’est un lieu d’écoute, de respect, de soutien, de ressourcement. Un lieu qui ouvre sur une nouvelle vision de son corps, de sa vie, de son soi-même. Une paire de lunettes radicales à travers de laquelle elles comprennent le monde, qui leur permet d’être plus autonome, qui teinte toutes leurs relations. Un lieu au sein duquel les rapports avec les autres femmes, les rivalités, les hiérarchies, sont transformés en rapports de solidarité. Un lieu de libération…

Nous nous sommes quitté.es sur l’appel des Sorcières à la formation de d’autres groupes féministes radicales…

Anna Kruzynski
La Pointe libertaire

Pour en savoir plus, visitez www.antipatriarcat.org, le portail féministe radical et anarcha-féministe du Québec.