Budget Bachand: fallait s'y attendre

Le budget déposé par le gouvernement Charest le 30 mars dernier n'en finit pas de soulever la colère parmi les progressistes de tous les milieux. C'est comme une onde de choc qui vient de passer et qui a réveillé beaucoup de monde. Pourtant, peut-on réellement être surpris-e?

En effet, le Québec s'était jusqu'ici sauvé du gros de la sauce néolibérale, à l'exception peut-être de son arrière goût, mais le reste de la planète y a vraiment goûté, et pas rien qu'un peu. Royaume-Uni et États-Unis dans les années 80, Australie, Nouvelle-Zélande et, plus près de nous, Ontario dans les années 90, (et ce ne sont là que quelques exemples), pouvait-on vraiment croire que le Québec serait éternellement épargné?

Car les Lucien Bouchard et jean Charest ont volontairement ruiné l'État québécois en proclamant les plus grandes baisses d'impôt de son histoire. Et le résultat? Tout le monde est plus pauvre qu'avant, sauf les 20% les plus riches de la société (et ça va maintenant empirer beaucoup plus avec ce budget...). Le budget 2010 ne tombe pas du ciel; il n'a rien de surprenant.

Ces choix sont anti-sociaux, mais le gouvernement a-t-il "le choix"? Dans une économie mondialisée, des politiques sociales-démocrates provoqueraient immédiatement un retrait massif des capitaux du pays. Évidemment, ce n'est pas pour excuser ces complices joyeux du vol des pauvres par les riches, mais la question de savoir s'il est réellement possible de retourner aux "trente glorieuses" et au "modèle québécois" des années 70 se pose bel et bien.

La société change et la structure de l'économie aussi. Cette économie, qu'on ne nomme plus jamais, c'est le capitalisme et le capitalisme n'a pas pour objectif d'assurer la justice sociale. Même s'il était encore possible d'obtenir des mesures sociales-démocrates par de grandes luttes populaires, la perspective de devoir se battre éternellement contre la structure de l'économie et de la société, sans parler de leurs dirigeants,pour les garder est-elle vraiment désirable? Est-ce que notre objectif est réellement de demeurer en situation de mendiant, de quémander constamment pour avoir la permission de survivre, si ce n'est de vivre?

Le néolibéralisme, ce n'est pas le complot des élites que l'on voit souvent à gauche. Si les dirigeants actuels s'y jettent corps et âmes, c'est pour les mêmes raisons que les dirigeants des années 60-70 se sont jetés dans la sociale-démocratie: c'est que l'évolution du capitalisme le commande. Ce sont souvent les mêmes personnes qui soutiennent actuellement les politiques néolibérales et qui avaient à l'époque mis sur pied l'État "providence". L'exemple le plus flagrant est sans doute Claude Castonguay, père de l'assurance maladie, maintenant un défenseur de l'entrée du privée en santé.

N'y a-t-il donc pas de solution? Que faire si on ne peut pas retourner au "paradis" perdu de l'État providence? Le problème, ce n'est pas le néolibéralisme, c'est le capitalisme dans son ensemble. Les solutions au problème ne peuvent donc qu'être "radicales", en cela qu'elles doivent doivent viser la racine; elles doivent proposer autre chose qu'une forme ou une autre du capitalisme.

La Pointe Libertaire s'est déjà penchée sur l'étude d'autres modèles économiques (voir plus bas dans les références). C'est dans ces idées nouvelles et différentes qu'il faut chercher notre avenir, et non pas dans un budget ultérieur de l'État qui, rappelons-le, est à l'origine une créature mise sur pied par les élites capitalistes pour assurer la protection et l'avancée de leurs intérêts.

Références:
Annonce d'un atelier sur l'économie participaliste (Écopar, en anglais Parecon)
Documents de l'atelier

Par Pascal Lebrun