Grève étudiante, violence policière et hypocrisie journalistique


Le conflit étudiant s'enlise alors que les médias continuent à présenter la violence policière comme une réaction à celle des manifestant.e.s. Tout au plus réagit-elle parfois un peu trop fort, mais son action demeure, pour les journalistes, justifiée et nécessaire. La beauté des médias sociaux, c'est qu'ils me permettent de démontrer aux personnes qui n'ont pas l'habitude des manifestations à quel point tout cela est faux. Personne ne me croit vraiment lorsque je dis que c'est généralement la police qui attaque la foule en premier, bien avant la "casse" et les roches lancées dans sa direction. Les quelqu'un.e.s qui se donnent la peine d'aller voir sur youtube après la discussion en reste généralement bouche-bé.e.s.

J'ai déjà écrit un article sur le sujet, mais le regain de violence dans le cadre de la grève étudiante depuis quelques semaines appelle à une nouvelle prise de parole. En effet, si TVA et Radio-Canada diffusaient les images que je vais utiliser ici, l'opinion publique autour du conflit serait beaucoup, beaucoup moins favorable au gouvernement et à sa loi matraque. L'enjeu est extrêmement important, puisque le 7 mars, après qu'un étudiant eut perdu un oeil alors que la manifestation était totalement non violente, l'opinion publique a basculé et serait bien restée en faveur des grévistes si les médias et leurs journalistes vendu.e.s ne s'étaient pas acharné.e.s à reconstruire le conte de fées qui veut que la police ne sert que la sécurité publique.

Alors, commençons par cette vidéo qui montre dans quelles conditions, parfaitement pacifiques et carrément légales, la police de Longueil a déclaré illégale la manifestation du 14 mai devant un édifice du gouvernement avant de s'en prendre aux jeunes. Les médias ont plutôt préféré nous montrer les images de bataille.Dans la seconde, on voit la foule recevoir à répétition grenades lacrymogènes et assourdissantes. Encore, un des slogans scandés est "on reste pacifiques".

Mais il y a des arrestations aussi. Sûrement, les gens arrêtés doivent avoir commis quelque chose de criminel? Cette vidéo montre une jeune femme se faire arrêter parce qu'elle a insulté un policier. Pourtant, il n'y a rien d'illégal là-dedans. Quelles sont pour elle les conséquences de cette arrestation? Une contravention pour "attroupement illégal"? Une accusation d'entrave au travail des policiers? Encore un événement qui passe sous le radar médiatique.

De toutes façons, le contraire n'aurait pas été mieux. Pour preuve, la couverture de Radio-Canada de ce moment où les creveurs de z'yeux du SPVM ont attaqué la terrasse d'un bar sur la rue Saint-Denis parce qu'un client les avait insultés. Le discours médiatique est complètement scabreux. Alors que la vidéo de sécurité de l'établissement montre clairement que la police utilise ses armes contre des gens non armés et non violents avant de commettre du vandalisme en brisant la vaisselle et le mobilier de la terrasse, l'entrevue tente de rejeter la responsabilité du malheur de ce commerçant sur une foule absente et sur le mouvement de grève. La journaliste amène en effet l'entrevue sur le sujet des conséquences économiques de la grève et le commerçant déplore la "casse" dans les manifestations, alors qu'on a sous les yeux la preuve que la police tire à bout portant sur des gens non violents et commet des gestes de vandalisme! Quelle malhonnêteté! Pour vrai, peut-on imaginer discours plus hypocrite? Les mercenaires de plume du patronat sont aussi menteurs et crosseurs que le porte-parole du SPVM lui-même!

La guerre, c'est la paix,
La liberté, c'est l'esclavage,
L'ignorance, c'est la force!



Alors que le tenancier du bar parle du professionnalisme de la police, laissons-nous sur une dernière vidéo qui en illustre un bon exemple... À bas les creveurs de z'yeux, les menteurs et les néolibéraux!

Par Pascal Lebrun
Pour l'Agence de presse libre de Pointe-Saint-Charles