La Société du Havre de Montréal est un "conflit d'intérêt institutionnel"

Selon Christian Bordeleau, qui est chercheur spécialiste en éthique gouvernementale et en gouvernance municipale, considère que la Société du Havre de Montréal (SHM) est un "conflit d'intérêt institutionnel" (1). Quelle surprise...

Le chercheur fait une différence entre un "conflit d'intérêt" et un "conflit d'intérêt institutionnel". Le premier n'affecte qu'un individu ou un groupe restreint, alors que le conflit d'intérêt institutionnel s'enracine dans l'ensemble de la structure d'une organisation. En un mot, le problème ne provient pas de quelques pommes pourries; c'est la SHM elle-même qui est le problème.

Toujours selon le chercheur, c'est la structure organisationnelle de la SHM, aux mains d'entrepreneurs privés qui ont des intérêts dans les dossiers sur lesquels ils interviennent, qui pose problème. Concrètement, ça veut dire que la SHM, qui intervient en tant qu'organisme sans but lucratif dans les dossiers d'aménagement urbain du havre de Montréal, est dirigée par des entrepreneurs privés qui profitent des travaux d'aménagement qui s'y produisent.

Bordeleau va même jusqu'à considérer qu'il s'agit ici plus que d'un problème de corruption, mais carrément d'un problème démocratique. En effet, une société dont les choix d'avenir sont gouvernés par les intérêts d'une poignée de riches n'est pas une démocratie; on appelle ça du népotisme. L'affaire est sérieuse au point où le maire de l'arrondissement, Benoît Dorais, à demandé au vérificateur général de la ville de faire enquête sur la SHM 2.

La Pointe Libertaire a toujours eu cette compréhension du rôle de la SHM (3 et 4). Que ce soit dans le dossier du déménagement du Casino de Montréal, dans celui du réaménagement de l'autoroute Bonaventure ou encore dans celui du village Griffintown, la SHM a maintes fois démontré qu'elle n'avait rien à faire des populations occupant le territoire qu'elle s'est donné pour mandat de redévelopper et qu'elle n'entend servir que les intérêts du grand capital, contraires à ceux du reste de la société.

Mais il n'y a pas vraiment de "scandale" à proprement parler ici. Je ne connais pas personnellement Christian Bordeleau et l'article que j'ai cité en source ne va pas plus loin, aussi je ne puis connaître son point de vue plus large sur la question, mais pour les membres de la Pointe Libertaire, il n'y a rien d'exceptionnel à ce que la SHM agisse ainsi. Au contraire, le capitalisme produit par définition des intérêts contradictoires entre les très riches et puissants et le reste de la société, en plus de leur laisser toue la marge de manœuvre nécessaire pour s'organiser contre nous. En ce sens, le capitalisme n'est jamais démocratique, toujours népotique.

Abolir la SHM ne revient donc qu'à être une solution temporaire: ce qu'il faut, c'est régler les disparités de richesses et de pouvoir dans la société, que tous et toutes aient une influence proportionnelle dans les dossiers qui les touchent. L'accomplissement de cette démocratie directe demande plus que l'abolition de la SHM; elle demande l'abolition du capitalisme.

Par Pascal Lebrun
Pour l'Agence de Presse Libre de Pointe-Saint-Charles